Rapport 2016 de l'Organisation mondiale de la santé sur la situation du paludisme dans le monde

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Le paludisme est une maladie infectieuse due à un parasite du genre Plasmodium, transmis par la piqûre de certaines espèces de moustiques, les anophèles.

Le parasite du paludisme est principalement transmis, la nuit, lors de la piqûre par une femelle moustique du genre Anopheles, elle-même contaminée après avoir piqué une personne atteinte de paludisme. Le parasite infecte les cellules hépatiques de la victime puis circule dans le sang, en colonisant les hématies et en les détruisant. De nombreuses espèces animales homéothermes sont parasitées par des Plasmodiidae, qui leur sont inféodés ; l'homme ne peut être parasité par des Plasmodium animaux, exception faite du Plasmodium knowlesi. Sur les cent-vingt-trois espèces du genre Plasmodium répertoriées, seules quatre sont spécifiquement humaines : _Plasmodium falciparum,_responsable d'une grande majorité des décès ; les trois autres provoquent des formes de paludisme le plus souvent « bénignes », exceptionnellement mortelles :Plasmodium vivax, Plasmodium ovale, et Plasmodium malariae.

1. Le rapport 2016 de l'Organisation mondiale de la santé sur la situation mondiale du paludisme a été publié le 13 décembre 2016. Il fait état de 212 millions de cas et 429 000 décès liés au paludisme en 2015.

Après l'approbation par l'Assemblée générale de l'Organisation mondiale de la santé en 2015 de la Stratégie de lutte contre le paludisme pour les années 2016-2030, ce rapport prend toute son importance en définissant “la ligne de base” et les progrès à faire d'ici 2020 puis 2030. L'objectif global est ainsi une réduction de l'incidence de 40 % en 2020 par rapport à la situation de 2015 (soit une diminution attendue de plus de 84 millions de cas). Toutefois, moins de la moitié des 91 pays impaludés sont sur la bonne voie pour atteindre cet objectif.

En 2015, la région OMS de l'Afrique subsaharienne a supporté 90 % des cas de paludisme (191 millions de cas) et 92 % des décès liés au paludisme (395 000 décès). Les enfants de moins de cinq ans ont représenté près de 70 % de l'ensemble des décès.

Cependant, l'accès au diagnostic biologique du paludisme par un test rapide dépistant les antigènes palustres n'a cessé d'augmenter. Ainsi, en 2015, 51 % des enfants fébriles se présentant dans une structure de soins d'un des 22 pays de l'Afrique subsaharienne ont pu bénéficier de ces tests ; en comparaison ils n'étaient que 29 % en 2010.

Dans les zones de transmission modérée et élevée de cette région, une stratégie de traitement intermittent chez la femme enceinte est recommandée depuis plusieurs années par l'Organisation mondiale de la santé. Ce traitement intermittent est réalisé avec l'association sulfadoxine-pyriméthamine. Le traitement est administré à chaque visite prénatale après le premier trimestre. Dans 20 pays de la zone de l'Afrique sub saharienne, le pourcentage de femmes enceintes recevant les trois doses recommandées est passé de 6 % en 2010 à 31 % en 2015.

La pierre angulaire de la lutte contre l'impaludation repose toujours sur la protection contre la piqûre nocturne des vecteurs avec une moustiquaire imprégnée. Le rapport précise qu'en 2015 plus de la moitié (53 %) de la population exposée au paludisme dormait sous une moustiquaire traitée, contre 30 % en 2010. Dans une autre étude, l'Organisation mondiale de la santé avait montré à partir de données collectées dans cinq pays que les moustiquaires imprégnées de longue durée (Long lasting insecticidal nets) assuraient toujours une protection efficace malgré l'augmentation des résistances aux pyréthrinoïdes de synthèse.

Malgré ces progrès, la situation reste toujours difficile en Afrique subsaharienne. Les auteurs du rapport précisent que dans cette zone 43 % de la population exposée au paludisme n'a pas accès aux moustiquaires imprégnées ou aux pulvérisations intradomiciliaires d'insecticides, qui sont pourtant les bases du contrôle des vecteurs. De la même manière, ce rapport fait état de 36 % des enfants fébriles sans accès aux soins.

A l'échelle mondiale, les données 2015 restent cependant encourageantes pour l'objectif de l'élimination du paludisme dans 10 pays ou territoires d'ici 2020. En effet, en 2015, 10 pays et territoires ont déclaré moins de 150 cas autochtones et 9 pays entre 150 et 1 000 cas.

Ces dernier mois, une certification d'élimination du paludisme a été accordée au Kyrgyzstan et au Sri Lanka, du fait de l'absence de déclaration de cas de paludisme autochtone trois ans de suite dans ces pays.

2. Données chiffrées régionales publiées dans le rapport 2016 (données 2015)

Afrique de l'Ouest

  • 355 millions de personnes exposées, dont 297 millions à haut risque ;
  • Réduction de l'incidence de 15 % entre 2010 et 2015 ;
  • Réduction de la mortalité de 29 % entre 2010 et 2015 ;
  • Aucun pays ou territoire n'a atteint un objectif d'élimination depuis 2010.

Répartition des cas de paludisme dans la région :

  • Nigéria : 55 % ;
  • Côte d'ivoire : 7% ;
  • Mali : 7 % ;
  • Ghana : 6 % ;
  • Burkina Faso : 6 % ;
  • Niger : 5 % ;
  • Guinée : 4 % ;
  • Bénin : 3 % ;
  • Togo : 2 % ;
  • Autres pays et territoires : 5 %.

Afrique Centrale

  • 174 millions de personnes exposées, dont 161 millions à haut risque ;
  • Réduction de l'incidence de 33 % entre 2010 et 2015 ;
  • Réduction de la mortalité de 42 % entre 2010 et 2015 ;
  • Aucun pays ou territoire n'a atteint un objectif d'élimination depuis 2010.

Répartition des cas de paludisme dans la région :

  • République démocratique du Congo : 57 % ;
  • Cameroun : 16 % ;
  • Angola : 9 % ;
  • Tchad : 6 % ;
  • République Centrafricaine : 4 % ;
  • Burundi : 4 % ;
  • Autres pays et territoires : 4 %.

Afrique de l'Est et du Sud

  • 319 millions de personnes exposées, dont 232 millions à haut risque ;
  • Réduction de l'incidence de 22 % entre 2010 et 2015 ;
  • Réduction de la mortalité de 22 % entre 2010 et 2015 ;
  • Aucun pays ou territoire n'a atteint un objectif d'élimination depuis 2010.

Répartition des cas de paludisme dans la région :

  • Ouganda : 18 % ;
  • Mozambique : 18 % ;
  • Tanzanie : 11 % ;
  • Malawi : 7 % ;
  • Zambie : 6 % ;
  • Ethiopie : 6 % ;
  • Madagascar : 5 % ;
  • Autres pays : 7 %.

Amérique

  • 132 millions de personnes exposées, dont 21 millions à haut risque ;
  • Réduction de l'incidence de 31 % entre 2010 et 2015 ;
  • Réduction de la mortalité de 37 % entre 2010 et 2015 ;
  • Trois pays ont été déclarés sans paludisme depuis 2010.

Répartition des cas de paludisme dans la région :

  • Venezuela : 30 % ;
  • Brésil : 24 % ;
  • Colombie : 10 % ;
  • Haïti : 9 % ;
  • Guyana : 3 % ;
  • Autres pays : 5 %.

Est méditerranéen

  • 291 millions de personnes exposées dont 111 millions à haut risque ;
  • Réduction de l'incidence de 11 % entre 2010 et 2015 ;
  • Réduction de la mortalité de 6 % entre 2010 et 2015 ;
  • Un pays déclaré sans paludisme depuis 2010, le Kirghizstan.

Répartition des cas de paludisme dans la région :

  • Soudan : 36 % ;
  • Pakistan : 27 % ;
  • Somalie : 18 % ;
  • Afghanistan : 11 % ;
  • Yemen : 8 %.

Asie du Sud-Est

  • 1,4 milliard de personnes exposées, dont 237 millions à haut risque ;
  • Réduction de l'incidence de 54 % entre 2010 et 2015 ;
  • Réduction de la mortalité de 46 % entre 2010 et 2015 ;
  • Un pays déclaré sans paludisme : Sri Lanka.

Répartition des cas de paludisme dans la région :

  • Inde : 69 % ;
  • Indonésie : 9 % ;
  • Myanmar : 2 % ;
  • Autres pays : 0 %.

Ouest Pacifique

  • 740 millions de personnes exposées dont 32 millions à haut risque ;
  • Réduction de l'incidence de 30 % entre 2010 et 2015 ;
  • Réduction de la mortalité de 58 % entre 2010 et 2015.

Répartition des cas de paludisme dans la région :

  • Nouvelle-Guinée Papouasie : 77 % ;
  • Cambodge : 10 % ;
  • Laos : 7 % ;
  • Iles Salomon : 3 % ;
  • Autres pays de la région : 3 %.

Pour le voyageur, ces données publiées annuellement permettent d'adapter les recommandations concernant la prévention du paludisme.

Dans un pays impaludé, la protection repose toujours sur trois piliers :

  • Prévention personnelle antivectorielle ;
  • Prévention médicamenteuse adaptée ;
  • Diagnostic en urgence de tout épisode fébrile, en rappelant à cette occasion le séjour en zone impaludée.

Comme pour les populations locales, le risque majeur pour le touriste se situe actuellement en Afrique subsaharienne mais il ne peut être écarté de certains pays d'Asie ou d'Amérique du Sud.

Pour le voyageur, des informations détaillées sont disponibles sur le site Medecinedesvoyages.net qui prend en compte les nouvelles recommandations des autorités sanitaires françaises, des Centers for Disease Control and Prevention des Etats-Unis et de l'Organisation mondiale de la santé.

Source : Organisation mondiale de la santé.