Résultats très encourageants après dix ans de lutte contre les schistosomoses, par traitement régulier de la population, au Burkina Faso

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Dans sa dernière livraison, le « Bulletin of the World Health Organisation » du 5 janvier 2015 rapporte les données du programme national de lutte contre les schistosomes au Burkina Faso.

Les schistosomoses (schistosomiases ou bilharzioses) sont des maladies parasitaires dues à des vers dont les adultes parasites le système vasculaire. Deux principaux parasites sont retrouvés en Afrique : Schistosoma haematobium, responsable d'une maladie de l'arbre urinaire et Schistosoma mansoni qui touche de système digestif.

Le cycle des parasites passe obligatoirement par un mollusque d'eau douce et la contamination de l‘homme se fait donc au contact de l'eau douce, souvent lors d'activités de la vie courante (jeu, pêche, lessive, vaisselle, cultures irriguées, …), ce qui explique la très forte prévalence de ces parasitoses dans certaines zone d'Afrique

Les bilharzioses évoluent en 3 phases, les deux premières étant communes à toutes les espèces.
La phase de pénétration cutanée : elle peut se manifester par un prurit localisé ou généralisé, symptôme de brève durée et généralement méconnu.
La phase d'invasion : elle survient 1 à 6 semaines après la pénétration. Elle correspond à la migration des vers et n'est pas toujours cliniquement apparente. Elle se traduit par une symptomatologie variable, qui peut associer à des degrés divers de la fièvre, des céphalées, une dyspnée asthmatiforme, de la diarrhée, une éruption urticarienne, une hépatomégalie. L'hyperéosinophilie est constante.
La phase d'état : les manifestations varient selon les espèces.

  • Bilharziose uro-génitale (Schistosoma haematobium) : les signes d'appel sont une hématurie macroscopique, des signes de cystite. Les atteintes urétérales et rénales sont tardives. Des complications sont possibles : infections, lithiase, insuffisance rénale. Les atteintes génitales sont fréquentes chez les femmes : annexite, cervicite, facteurs éventuels de dystocie ou de stérilité.
  • Bilharziose intestinale (Schistosoma mansoni) : les signes fonctionnels sont inconstants et peu spécifiques : diarrhées sanglantes ou non, douleurs coliques, parfois rectorragies, ténesme. Une rectite parasitaire est fréquente.
  • Bilharziose hépatosplénique : l'hépatite granulomateuse en est le stade précoce : hépatomégalie, parfois ictère, fines granulations blanchâtres (visibles à la laparoscopie), granulomes centrés sur un œuf (examen histologique). Ultérieurement, évolution vers la fibrose des espaces portes avec conservation de l'architecture lobulaire.
  • Autres localisations : cardio-pulmonaires, nerveuses.

Un traitement de masse par le Praziquantel® à la dose de 40 mg/kg en une prise a été proposé pour le contrôle de la parasitose la résolution OMS WHA65.21 rappelle l'engagement de l'Organisation mondiale de la santé dans la lutte contre cette maladie.

Au Burkina Faso, Schistosoma haematobium était présent dans tout le pays alors que Schistosoma mansoni était confiné dans les districts du Sud Ouest.

Le programme de contrôle a débuté en 2004, à cette date, la prévalence de la maladie chez les enfants était de 18 à 84 % selon les régions investiguées. Les travaux antérieurs à 1980 rapportaient une prévalence de 100% de Schistosoma haematobium dans certains districts et de 80% de Schistosoma mansoni dans les [régions Hauts Bassins](https://fr.wikipedia.org/wiki/Hauts-Bassins et sud ouest https://fr.wikipedia.org/wiki/sud-ouest_(burkina_faso)).

Après dix ans d'application du programme de lutte contre les schistosomoses avec un traitement régulier de la population cible des enfants, on observe une réduction importante de la prévalence des schistosomoses. Pour Schistosoma haematobium, elle est estimée à 7,5% soit une réduction de 86,6% pour les quatre régions suivantes : Boucle du Mouhoun, Nord, Sahel et Sud-Ouest. La région Sahel reste cependant celle où la prévalence est la plus forte (20%)

Pour Schistosoma mansoni, des enfants parasités n'ont été retrouvés que dans la région de Hauts Bassins où la prévalence a été estimée à 8,75%

Cette nouvelle très prometteuse pour la maîtrise des schistosomoses dans les populations résidant en zone d'endémie ne doit pas faire oublier que les foyers de schistosomoses sont très mouvants et que chez le voyageur, des schistosomoses sont régulièrement observées, , principalement après un voyage en Afrique sub saharienne ou à Madagascar mais également au Brésil. Sur le plan épidémiologique on retrouve un contact parfois court avec de l'eau douce stagnante ou non et une augmentation des cas a pu être liée au développement du tourisme solidaire ou de l'écotourisme. Sur le plan clinique il s'agit le plus souvent de forme dite d'invasion caractérisée par de la fièvre et une augmentation du taux des éosinophiles sanguins.

La prévention repose sur l'absence stricte de contact avec l'eau douce, stagnante ou non. En cas de contact obligé (passage d'un gué, …), une friction rapide de la peau est recommandée. Au retour il conviendra d'être vigilant et d'aviser le médecin d'une exposition éventuelle aux schistosomes.

Source : Organisation mondiale de la santé ; Promed.

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