Caractéristiques épidémiologiques et cliniques des piqûres de scorpion en Guyane française

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Les scorpions représentent une classe importante d'animaux venimeux, responsables parfois d'envenimations sévères. En Amazonie, les envenimations humaines sont principalement rapportées avec le genre Tityus. Une étude rétrospective menée dans le service des urgences du Centre Hospitalier Andrée Rosemon de Cayenne s'est intéressée aux envenimations scorpioniques survenant en Guyane Française. Cette étude a inclus 253 patients sur 8 ans, soit une moyenne de 32 cas par an. L'incidence des envenimations scorpioniques a progressivement augmenté au cours de la période d'étude. Un pic annuel est observé en avril et mai, qui sont les mois les plus pluvieux. Les piqûres sont survenues principalement le matin, entre 6 heures et 11 heures et touchent les extrémités (main ou pied) dans 81 % des cas. Les accidents se produisaient le plus souvent au domicile (70 % des cas). Les adultes semblent plus exposés que les enfants (77,9 % des cas).

Sur le plan clinique, un syndrome local douloureux est observé dans 70 % des cas, avec parfois des paresthésies, un oedème ou un érythème. Les signes systémiques sont plus rares et peuvent être digestifs (nausées, vomissements, douleur abdominale), neurologiques (coma, dysarthrie, myoclonies, diplopie,hémiparésie et ptôsis) ou respiratoires (dyspnée, oppression thoracique, crépitants, bronchospasme). Un syndrome adrénergique est observé dans 46,2 % des cas, associant insuffisance cardiaque, hypertension artérielle et tachycardie. Le message principal de cette série est l'absence de décès et une évolution favorable pour tous les patients. Il est à noter que le traitement purement symptomatique n'a pas fait appel à l'utilisation d'un antivenin. Toutefois, quatre enfants ont du être hospitalisés en réanimation, aussi les auteurs soulignent la nécessité de sensibiliser les praticiens au risque d'envenimations sévères plus fréquentes chez les enfants.

La prévention repose d'abord sur l'inspection des chaussures et des vêtements avant de s'habiller. Les mesures de lutte anti-vectorielle sont importantes, telles que l'utilisation de moustiquaires de lit et l'élimination des gîtes péri-domiciliaires qui attirent ces arthropodes venimeux. En revanche, les insectifuges habituels sont sans effet. Lors des bivouacs, les zones de repos doivent être nettoyées soigneusement et les chaussures retournées seront placées sur des piquets durant la nuit.

Source: Mohamed et al. Epidemiological and clinical study on scorpionism in French Guyana. Toxion 2013; doi: 10.1016/j.toxicon.2013.05.025.

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