Epidémies sur les sites d'orpaillage en Guyane française

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L'orpaillage est la recherche et l'exploitation de l'or dans des alluvions aurifères. En Guyane, il représente l'une des principales activités industrielles, qu'elle soit légale ou illégale. On assiste, dans le vaste espace de forêt tropicale humide difficilement accessible et sauvage où les conditions de vie sont extrêmement précaires (absence d'eau potable, nourriture limitée, conditions de travail très pénibles, éloignement des structures de soins, insécurité, etc.) à l'installation dans l'espace de groupes de travailleurs clandestins, venus principalement de régions défavorisées du Brésil ou du Suriname voisins.

En mars 2013, une épidémie de diarrhée avec syndrome respiratoire aigu fébrile, touchant une communauté d'orpailleurs travaillant sur un même site en forêt tropicale, a été signalée aux autorités sanitaires par le centre délocalisé de prévention et de soins de Maripasoula. Sur les 34 patients, 12 présentant un tableau clinique sévère ont bénéficié d'une hospitalisation à Cayenne. L'enquête épidémiologique a mis en évidence une superposition de deux phénomènes épidémiques :

  • grippe saisonnière à virus A(H1N1)pdm09
  • associée à de nombreuses co-infections parasitaires, bactériennes ou virales, (3 cas de diarrhée à_Shigella flexneri_ et 8 cas d'ankylostomose, 3 surinfections à pneumocoque, 1 paludisme à Plasmodium vivax, une leishmaniose cutanée à Leishmania guyanensis).

Tous les patients ont présenté une évolution favorable, avec guérison rapide après prise en charge adaptée.

La présence de ces germes pathogènes et leur association reflètent les conditions de précarité sanitaire et de promiscuité importante existant dans ces camps d'orpaillage. La gravité des tableaux cliniques présentés était principalement due aux co-infections ou à des surinfections. Cette épidémie illustre les besoins et risques sanitaires élevés de cette population et l'intérêt d'un renforcement des mesures d'hygiène et de mesures de prévention ciblées.

Le nombre total de personnes sur place est estimé entre 300 et 1 000, réparties sur une centaine de campements.

Le maillage sanitaire géographique guyanais associe des centres hospitaliers côtiers, dont le plus important se situe à Cayenne, à des centres délocalisés de prévention et de soins situés majoritairement sur les frontières ou en pleine forêt tropicale.

Les difficultés d'accès aux camps et le caractère illégal de l'activité d'orpaillage rendent difficile la mise en place de stratégies de prévention. D'un point de vue de santé publique, le vrai défi reste d'innover en termes de mesures préventives adaptées à ce type de situation. À cela s'ajoute une difficulté supplémentaire, celle de l'incompréhension, de la part des populations autochtones légales, de la nécessité collective de soigner cette population considérée comme illégitime en Guyane.

Aucune mesure préventive spécifique n'a été mise en place à l'intention de ces populations depuis cette épidémie. Quelques mois après (entre septembre 2013 et juillet 2014), une épidémie de béribéri a touché cette même communauté d'orpailleurs illégaux, avec 42 cas rapportés dont 1 décès. Cette épidémie est d'origine multifactorielle, associant des carences nutritionnelles à des co-infections multiples. Il n'avait pas été observé de cas groupés de béribéri depuis la fermeture du bagne en Guyane.

Source : Bulletin épidémiologique hebdomadaire.