Myases humaines en Norvège

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Dans la dernière publication d'Eurosurveillance, l'équipe du département de pédiatrie de l'hôpital de Hammerfest dans le comté de Finnmark présente une série de 39 cas d'hypodermose à Hypoderma tarandi.

L'hypodermose est une myiase due à la présence de larve d'une mouche du genre Hypoderma. Elle est bien connue dans l'Ouest de la France où elle a été particulièrement étudiée par l'équipe de parasitologie de Rennes. Les agents les plus souvent incriminés étaient Hypoderma bovis et Hypoderma lineatum, responsables chez les bovins de la maladie vétérinaire appelée "varron". D'autres espèces sont retrouvées en zone tempérée, parasites des cervidés ou des chèvres.

La lutte intensive menée contre le varron avec l'ivermectine a fait que les cas d'hypodermoses humaines ont largement régressés en zone tempérée et sont actuellement exceptionnel. En 2009 l'ivermectine sous forme orale a été retirée de l'arsenal thérapeutique vétérinaire chez les bovins et les chevaux pour des raisons d'écotoxicité.

Les femelles d'Hypoderma pondent des œufs qui sont collés à la base des poils. Les larves de type 1 pénètrent à travers la peau ou bien sont ingérées, passant alors à travers le tube digestif, et commencent leur migration qui évoluent sur environ 4 mois. Elles aboutissent au niveau du canal rachidien pour Hypoderma bovis et de l'oesophage pour Hypoderma lineatum. Elles gagent ensuite les masses musculaires et le tissu adipeux du dos de l'animal pour se muer en larves de stades 2. Ces dernières gagnent le tissu conjonctif pour sa dernière mue interne en larve 3 qui perce la peau pour tomber au sol où le stade nymphal dure 20 à 70 jours.

Sur le plan chronologique, en zone tempérée, la contamination est estivale alors que les manifestations cliniques surviennent chez l'homme plutôt à la fin de l'automne, début de l'hiver. L'homme s'infecte par voie buccale, ingérant des œufs. Les larves vont poursuivre leur cycle interne mais en situation d'impasse parasitaire elles vont migrer au niveau sous cutanée où elles sont responsables du syndrome pseudotumoral migrant localisé principalement au niveau de la partie supérieure du corps (tronc et face). Cette lésion est associée à un œdème. Les larves d'Hypoderma ayant un tropisme pour le système nerveux ; les formes graves concernent la localisation méningée ou oculaire des larves, la larve pouvant perforer la sclérotique.

La publication des pédiatres norvégiens montre une troisième espèce comme responsable des myiases humaines : Hypoderma tarandi. Il s'agit d'un parasite du rennes des zones arctiques.

Cette publication rappelle l'importance dans les parasitoses de déterminer par l'interrogatoire les conditions d'entrée de l'homme dans le cycle parasitaire, ici le séjour dans le Nord, au contact de rennes 1 à 2 mois précédant les signes cliniques.

Après les premiers cas décrits à Hammerfest en 2012, une information a été diffusée a permis de relever 39 cas entre 2011 et 2016, 32 cas chez des résidants du comté de Finnmark, principalement éleveurs de rennes, un cas chez un touriste ayant visité ce comté et six cas rapportés dans d'autres comtés de la Norvège où vivent les rennes. Ces observations font suite à celles publiées en 2012 rapportant 5 cas d'ophtalmomyiases dues à Hypoderma tarandi et faisant référence à 12 cas décrits entre 1980 et 2010.

Le diagnostic biologique repose principalement sur la sérologie de l'hypodermose. En France, pour l'homme, elle utilise des antigènes d'Hypoderma bovis et Hypoderma lineatum. Il existe pour le bovin un test sérologique par une technique immunoenzymatique utilisant un antigène commun, l'hypodermine C, enzyme collagénolytique sécrétée par les larves d'Hypoderma. Au cours de l'enquête menée en Norvège, les auteurs ont utilisé ce type de trousse en l'adaptant au diagnostic chez l'homme.

Ils ont rapporté en outre la possibilité de retrouver les œufs d'Hypoderma tarandi au niveau des cheveux de l'homme.

Quoique rare, le risque de cette myiase n'est donc pas négligeable et le diagnostic doit être envisagé chez les touristes revenant du nord de l'Europe ayant été en contact avec les rennes et présentant à l'automne une un syndrome pseudotumoral migrant associée ou non à une hyperéosinophilie sanguine.

Source : Eurosurveillance.

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