Le point sur la leptospirose à la Réunion

medecinedesvoyages.net

A la Réunion, depuis le début de l'année 2018, au 21 mai, le nombre de cas de leptospirose notifiés est plus important comparé aux données historiques sur les dix dernières années.

Depuis le début de l'année 89 cas ont été recensés (89 % sont des hommes), la moyenne d'âge est de 47 ans. Au total 86% des cas ont été hospitalisés, et 37% d'entre eux sont passés en réanimation.

Les cas résident principalement dans l'ouest et le sud de l'île (81%). Les principales communes concernées sont Saint-Paul (21 cas), Saint-Louis (9 cas), Saint-Joseph et le Tampon (respectivement 7 cas) et Saint-Pierre (6 cas). Rapportées à la population, les communes les plus touchées sont Salazie (55 cas pour 100 000 habitants), Cilaos (37/100 000), l'Entre-Deux (30/100 000), Trois Bassins (27/100 000) et Saint-Paul (20/100 000).

Après un pic survenu au cours du mois de mars 2018 (36 cas), la tendance est à la baisse au cours du mois d'avril (18 cas). Néanmoins de nouveaux cas sont susceptibles de survenir dans les prochaines semaines et la confirmation biologique de toute suspicion clinique de leptospirose doit être maintenue.

Rappels sur la leptospirose

La leptospirose est une maladie bactérienne présente dans le monde entier. Elle est causée par la bactérie Leptospira interrogans. Celle-ci se maintient assez facilement dans le milieu extérieur (eau douce, sols boueux), ce qui favorise la contamination. La saisonnalité de la maladie est très marquée, avec une recrudescence estivo-automnale liée à la chaleur et aux précipitations.

Le principal réservoir animal est le rongeur, en particulier les rats, qui excrètent la bactérie dans leur urine. Il est très diversifié, et outre les rongeurs et les insectivores, il comprend des animaux d'élevage comme les bovins, les chevaux ou les porcs

Certaines professions (agriculteurs, éleveurs, égoutiers, éboueurs…) et les personnes pratiquant des loisirs nautiques (baignade, canoé, kayak, pêche, chasse, canyonning...) sont particulièrement à risque.

Chez l'homme, la bactérie pénètre principalement par la peau lésée ou les muqueuses, la maladie est souvent bénigne, mais peut conduire à l'insuffisance rénale, voire à la mort dans 5 à 20% des cas. L'incubation dure de 4 à 14 jours. Dans la forme modérée, la maladie débute par une fièvre élevée avec frissons, maux de tête, douleurs musculaires et douleurs articulaires diffuses. Dans 20% des cas, elle se complique d'un syndrome hémorragique. Les formes graves (ictéro-hémorragique ou maladie de Weil) associent insuffisance rénale aiguë, atteinte neurologique (convulsions, coma) et des hémorragies plus ou moins sévères (pulmonaire, digestive).

Le traitement des formes graves nécessite une hospitalisation. Il repose sur la réanimation médicale et l'administration d'antibiotiques (amoxicilline, céphalosporine et cyclines) le plus tôt possible.

Les principales mesures de prévention et de protection individuelle contre la leptospirose sont les suivantes :

  • Éviter de se baigner en eau douce, particulièrement lorsqu'on est porteur de plaies, et limiter les contacts des muqueuses avec l'eau.
  • Dans la mesure du possible, se protéger par le port de bottes et de gants en cas d'activité à risque (agriculture, élevage...).
  • Lutter contre les rongeurs, qui sont le réservoir de la maladie.
  • Consulter sans délai un médecin en cas d'apparition des symptômes en lui signalant l'activité à risque pratiquée.
  • Ces mesures sont a renforcer durant la saison des pluies.

Il existe une vaccination contre la leptospirose. Son efficacité étant limitée à certaines souches de leptospire, elle est rarement réalisée en pratique.

Pour le voyageur, des informations détaillées sont disponibles sur les sites Mesvaccins.net ou Medecinedesvoyages.net.

Source : Institut de veille sanitaire, Point épidémiologique au 24 mai 2018.