Maladies à prévention vaccinale, paludisme, autres risques : les nouvelles recommandations sanitaires 2018 pour les voyageurs sont disponibles

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Les recommandations sanitaires pour les voyageurs sont actualisées chaque année. La version 2018 a été publiée aujourd'hui dans un numéro hors-série du Bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH) en date du 25 mai 2018.

En introduction, il est précisé que les recommandations sanitaires pour les voyageurs s'inscrivent dans le cadre général d'une consultation médicale.

Pour faciliter la lecture de cet article, les points actualisés correspondent aux chapitres référencés dans l'édition du numéro hors-série du BEH.

Chapitre 1 : Vaccinations

Pour chaque vaccination, les noms des vaccins, les schémas vaccinaux, l'interchangeabilité entre les vaccins et les associations vaccinales sont présentés. Les tableaux globaux des vaccins pour l'enfant et l'adulte ont été supprimés dans l'édition 2018.

  • Encéphalite japonaise : le risque de transmission de l'encéphalite japonaise est présenté par pays sous forme de tableau (zone à risque, saison de transmission) ;
  • Fièvre jaune : les conditions d'immunisation dans des contextes particuliers ont été revues, particulièrement en ce qui concerne la femme allaitante, les personnes immunodéprimées et les associations vaccinales. Le risque de fièvre jaune et les obligations ou recommandations vaccinales en 2018 sont présentées par pays, en reprenant les recommandations de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) ;
  • Infections invasives à méningocoque : il est rappelé que la vaccination contre les infections invasives à méningocoque C est obligatoire pour les nourrissons nés depuis le 1er janvier 2018. L'administration d'un vaccin polyosidique conjugué tétravalent ACWY (Menveo ou Nimenrix) est recommandée d'une part aux personnes se rendant dans la « ceinture africaine de la méningite » pendant la saison à risque ou dans toute autre zone où sévit une épidémie, dans des conditions de contact étroit et prolongé avec la population locale, et d'autre part aux personnes se rendant dans une zone d'endémie pour y exercer une activité dans le secteur de la santé ou auprès des réfugiés, quelle que soit la saison. Les recommandations de la vaccination contre le méningocoque C ont été supprimées dans l'édition 2018 ;
  • Poliomyélite : les modalités vaccinales pour un séjour dans un pays où circulent des poliovirus sauvages ou dérivés d'un vaccin ont été clarifiées ;
  • Rougeole : avec l'arrêt du vaccin monovalent rougeoleux Rouvax, il est maintenant possible d'administrer le vaccin trivalent rougeole-oreillons-rubéole (ROR)dès l'âge de 6 mois. Cette recommandation est hors autorisation de mise sur le marché (AMM) pour les enfants âgés de 6 à 8 mois révolus (c'est-à-dire avant l'âge des 9 mois). Deux vaccins ROR sont actuellement disponibles en France : les vaccinsM-M-RvaxproetPriorix.

Une autre modification est importante pour la pratique quotidienne des centres de vaccination. Lorsqu'il y a nécessité d'administrer deux vaccins viraux vivants atténués (en particulier le vaccin contre la fièvre jaune et le vaccin ROR), il était recommandé en 2017 de respecter un délai minimum de 28 jours entre les deux vaccinations si celles-ci n'étaient pas réalisées simultanément. Désormais, l'administration simultanée de deux vaccins viraux vivants n'est plus conseillée. Seul le délai minimum d'un mois entre les deux injections est recommandé. Cependant, en cas de départ imminent en zone d'endémie pour la fièvre jaune, le vaccin contre la fièvre jaune et le vaccin ROR peuvent être administrés simultanément dans des lieux d'injection différents ou à n'importe quel intervalle.

Chapitre 2 : Paludisme

Les données épidémiologiques 2017 mondiales, avec un focus sur les cas de paludisme en France et dans le département de Mayotte, sont présentées.

Pour évaluer la pertinence de la chimioprophylaxie antipaludique (un chapitre en lui-même), les notions de profil de séjour conventionnel et profil de séjour non conventionnel sont introduites dans l'édition 2018.

  • Le profil de séjour conventionnel est schématiquement celle d'un touriste qui effectue un séjour de courte durée (durée inférieure à un mois), majoritairement en zone urbaine ou sur des sites touristiques classiques avec quelques nuitées en zone rurale mais dans des conditions d'hébergement satisfaisantes (hôtel, maison) ;
  • Le profil de séjour « non conventionnel » (routard, militaire, séjour improvisé, mission humanitaire, exploration scientifique, etc.) est défini comme un séjour remplissant une ou plusieurs des conditions suivantes : durée supérieure à un mois, proportion élevée de nuitées en zone rurale, hébergements précaires (tente, habitations non protégées), périple pendant la saison des pluies ou dans une région localisée de forte transmission palustre.

Ainsi, en résumé, les conditions de prescription d'une chimiothérapie antipaludique sont établies en fonction de la durée et des conditions du séjour, du pays ou de la région visitée (altitude), de la saison (sèche ou des pluies), des conditions d'observance et des ressources financières. Si la prescription d'une chimiothérapie antipaludique ne se discute pas pour un séjour à risque élevé d'impaludation (Afrique subsaharienne et Papouasie), il est légitime de ne pas prescrire cette chimiothérapie lors de séjours conventionnels en Asie et en Amérique du Sud, compte tenue du risque faible d'impaludation et de la balance bénéfice-risque.

Parmi les médicaments antipaludiques, la posologie de l'association atovaquone-proguanil chez l'enfant a été revue : chez l'enfant de 5 à 7 kg : 1/2 cp pédiatrique et 8-<11 kg : ¾ cp pédiatrique (dans l'édition 2017 : enfant de 5 à < 7 kg : ½ cp pédiatrique ; 7-< 11 kg : ¾ cp pédiatrique). Cette prescription pour une chimioprophylaxie est toujours hors AMM. Les autres posologies et vis-à-vis des autres molécules n'ont pas été modifiées. Un encadré sur l'utilisation de la méfloquine est ajouté, compte tenu des effets indésirables. Il est souligné que la chimioprophylaxie par méfloquine ne doit être envisagée qu'en dernière intention.

Concernant le traitement présomptif (chimiothérapie de réserve), il est rappelé qu'il faut utiliser une molécule différente de celle utilisée en chimioprophylaxie. Les médicaments à base de dérivés de l'artémésine sont à privilégier (arténimol-pipéraquine, artéméther-luméfantrine [prescription hospitalière]).

Chapitre 3 : Risques liés aux arthropodes

La liste des répulsifs cutanés est inchangée. L'efficacité de ces biocides répulsifs et leurs modalités d'utilisation vis-à-vis des morsures de tiques sont précisées dans un encadré.

Chapitre 4 : Diarrhées

Les traitements recommandés pour les formes graves ou modérées de diarrhée chez le voyageur ont été revus avec la possibilité de prescrire chez l'adulte 4 comprimés d'azithromycine 250 mg en une prise (hors AMM).

Chapitre 8 : Précautions en fonction des personnes

Vis-à-vis des enfants, le risque de mutilation sexuelle (excision, infibulation) ou de mariage forcé lors du séjour est mentionné. La prévention repose sur l'identification d'ethnies (ou de pays) pratiquant ces mutilations, et sur l'information des familles sur la gravité et l'interdit juridique de ces gestes, qui sont passibles d'amende et d'emprisonnement en France (renseignements au numéro vert 3919, ou sur le site web stop-violences-femmes.gouv.fr).

Chapitre 11 : Retour de voyage et santé publique

Le risque d'émergence d'entérobactéries multirésistantes a été revu. L'évaluation du risque de fièvre hémorragique virale (Ebola, Lassa) a été actualisé.

Pour suivre l'actualisation des données, en particulier épidémiologiques, les liens présentés dans l'édition papier du BEH sont interactifs dans l'édition en ligne du numéro.

Il est rappelé que, depuis mars 2017, tout professionnel de santé doit déclarer tout événement indésirable dont il a connaissance (et pas seulement les événements graves ou inattendus comme précédemment) sur le site signalement-sante.gouv.fr.

Source : Haut Conseil de la santé publique.