Évolution de l'épidémie de monkeypox en République Centafricaine fin juillet 2018

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En République Centrafricaine les autorités sanitaires ont notifié 29 cas d'infection à monkeypoxdepuis la confirmation de l'épidémie en mars.

L'Organisation mondiale de la santé a déclaré depuis le début de 2018, des épidémies récurrentes de monkeypox ont été signalés dans trois districts de santé dans le centre, l'est et le sud-ouest du pays.

Onze cas ont été confirmés en laboratoire sur 23 échantillons testés.Parmi les cas confirmés, 63% sont des femmes et 45% ont entre 20 et 30 ans. Deux cas confirmés ont cinq ans et moins.

Les interventions actuelles comprennent le renforcement de la surveillance de la maladie dans le district sanitaire de Mbaïki concerné. La capacité de gestion des cas, de prévention et de contrôle des infections a été améliorée au niveau des établissements de santé.

Des campagnes de sensibilisation ont été menées dans les villages touchés. Des soins de santé gratuits sont fournis à tous les patients atteints de monkeypox dans les établissements de santé à travers le pays.

Rappels sur le monkeypox

Le monkeypox est une maladie largement auto-limitante, c'est-à-dire une maladie qui se résout elle-même. Des éruptions cutanées vésiculaires généralisées, de la fièvre et un gonflement douloureux des mâchoires sont des symptômes caractéristiques associés à une infection. Bien qu'il n'y ait pas de médicament spécifique pour traiter la maladie, lorsque des soins de soutien intensifs sont fournis, pratiquement tous les patients se rétablissent complètement, comme nous l'avons vu avec la flambée actuelle.

Le virusmonkeypox est un membre du genre Orthopoxvirus dans la famille des Poxviridae. Les singes ne sont pas les réservoirs du virus. Les principaux réservoirs suspects sont des rongeurs, comme les écureuils (Funisciurussp. un rongeur arboricole), et des rongeurs terrestres (genres Cricetomys et Graphiurus).

L'infection résulte d'un contact direct avec le sang, les fluides corporels, ou des éruptions cutanées d'animaux infectés (manipulation de macaques infectés, ou de rongeurs).

La transmission secondaire d'humain à humain, résulte d'un contact étroit avec les excrétions des voies respiratoires infectées, avec les lésions de la peau d'une personne infectée ou avec des objets contaminés récemment.

Après une période d'incubation de 6 à 16 jours, la période de l'invasion (0-5 jours), est caractérisée par de la fièvre, des maux de tête intenses, une lymphadénopathie (gonflement des ganglions lymphatiques), des douleurs musculaires. Puis survient une éruption cutanée sur le visage (dans 95% des cas), sur les paumes des mains et la plante des pieds (75%) et presque simultanément sur le corps. L'éruption se manifeste par des maculopapules (lésions avec un fond plat), puis des vésicules (petites cloques remplies de liquide), et des pustules, suivies par des croûtes. Les symptômes de la variole du singe durent habituellement de 14 à 21 jours.

Le virus est transmis par un animal infecté ou par contacts avec des éruptions cutanées, du sang ou les fluides corporels de l'animal. Le virus peut aussi être transmis personne à personne par contact et le contact respiratoire ou direct avec la literie ou les vêtements contaminés.

Il n'y a pas de traitement spécifique pour monkeypox.

Avis de l'Organisation mondiale de la santé

Depuis un peu plus d'un an se propage sur un grand territoire d'Afrique subsaharienne une maladie peu connue qui n'avait pas resurgi depuis des décennies. Cousine de la variole (la petite vérole, smallpox en anglais, la terrible virose éradiquée depuis 1980) l'orthopoxvirose simienne (monkeypox) inquiète l'Organisation mondiale de la santé qui lui a consacré plusieurs pages de son Relevé épidémiologique hebdomadaire.

Depuis 2016, des cas d'orthopoxvirose simienne ont été confirmés au Libéria, au Nigéria, en République Centrafricaine, en République du Congo, en République Démocratique du Congo et en Sierra Leone, ainsi que parmi des chimpanzés en captivité au Cameroun.

Cette zoonose suscite une inquiétude croissante au point de figurer dans la liste des maladies prioritaires 2018 de l'Organisation mondiale de la santé, comme pathologie émergente exigeant une évaluation rapide du potentiel de riposte.

On sait qu'elle se manifeste surtout dans les forêts tropicales humides d'Afrique de l'Ouest et centrale et que la transmission se fait par les gouttelettes respiratoires ou les lésions qui contiennent le virus.

On connait sa clinique, proche de la variole, mais on ne lui connait pas de traitement curatif. Si smallpox avait une transmission exclusivement interhumaine, monkeypox a probablement de multiples réservoirs animaux mais ils ne sont tous identifiés.

La maladie peut être confondue avec la varicelle par les professionnels de santé qui la connaissent très peu ou pas du tout et ne savent pas comment éviter sa propagation.

Proposition de plan de riposte

Afin de préparer la riposte, outre les progrès sur la connaissance de la maladie, l'Organisation mondiale de la santé préconise :

  • des formations locales ;
  • le renforcement des capacités de détection avec l'appui de centres de référence ;
  • le suivi des cas confirmés.

Après son éradication en 1980, on a cessé de vacciner contre la variole. Or le vaccin conférait une protection croisée vis à vis du monkeypox. On constate aujourd'hui 10% de létalité parmi les sujets non vaccinés.

La réutilisation du vaccin antivariolique est donc une des pistes envisagées par l'Organisation mondiale de la santé.

La collaboration transfrontalière et entre les secteurs de la santé humaine et animale sera indispensable et plus globalement, les facteurs évoqués étant également la déforestation et les mouvements de populations, l'approche "un monde, une santé" (One word, one Health) qui reconnait les liens entre santé humaine, santé animale et environnement.

Source : Outbreak News Today ; Organisation mondiale de la santé.

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