Situation de l'épidémie de rougeole à Madagascar Médecine des voyages

Publié le 8 jan. 2019 à 11h20

Biographie

Médecin retraité, spécialisé en médecine des voyages. Membre de la Société de médecine des voyages (depuis 2000) Formateur en vaccinologie et médecine des voyages (depuis 2000)

Liens d'intérêt

Absence de lien d’intérêt avec les firmes pharmaceutiques

Du 4 octobre au 24 décembre 2018, 16 430 cas de rougeole (362 biologiquement confirmés et 16 068 épidémiologiquement liées) dont 39 décès liés (taux de létalité: 0,2%) ont été rapportés dans 63  districts de 22 régions de Madagascar.

L'épidémie touche plusieurs grandes villes, dont Antananarivo, la capitale. Selon l'Organisation mondiale de la santé, les enfants âgés de de 1 à 14 ans représentent 67 % du nombre total de cas. La couverture vaccinale contre la rougeole à Madagascar était de 58 % en 2017.

Plus de la moitié des cas (52 %) signalés au cours de l'épidémie actuelle n'ont pas été vaccinés ou ont un statut d'immunisation inconnu. Madagascar a la plus forte proportion de malnutrition, parmi les enfants de moins de cinq ans (47 %), dans la région africaine.

Le génotype en circulation dans la flambée actuelle de rougeole à Madagascar est le B3, que l'on trouve généralement en Afrique et en Europe. Aucun cas de rougeole ayant déjà voyagé à Madagascar n'a été signalé dans les pays voisins. 

 L'Organisation mondiale de la santé estime que le risque global lié à cette épidémie de rougeole pour Madagascar est très élevé. Actuellement, plusieurs facteurs concomitants sont susceptibles d'entraver ou de retarder une intervention de santé publique : 

  • situation de conflit post-électoral ;
  • isolement géographique ;
  • éloignement des cas ;
  • insécurité, ouragan ;
  • période à épidémies multiples. 

Des campagnes de vaccination ciblées et le renforcement des activités de vaccination de routine sont primordiaux contrôle efficace de l'épidémie. L'administration de vitamine A, en particulier dans un contexte de taux de malnutrition élevé, peut réduire la morbidité et la mortalité dues à la rougeole.

Le risque au niveau régional est faible bien que la rougeole se propage aux îles voisines de l'Océan Indien et à d'autres pays africains et l'Europe ne peuvent être exclus. 

Le renforcement de la surveillance dans les pays voisins est  conseillé.

Rappels sur la rougeole

La rougeole, maladie très contagieuse, reste une cause importante de décès chez les jeunes enfants dans le monde, en dépit de la disponibilité d'un vaccin efficace. Elle est causée par le virus de la rougeole, qui appartient au genre Morbillivirus, de la famille des Paramyxoviridae. Le virus est transmis par contact direct et par l'air, infectant les muqueuses puis se propageant à tout l'organisme. La rougeole est une maladie strictement humaine, sans réservoir animal.

Bien que généralement bénigne, la rougeole peut occasionner de graves complications, telles que des encéphalites et des pneumonies, et peut dans de rares cas être mortelle en Europe (la mortalité étant beaucoup plus élevée en Afrique intertropicale). Une protection proche de 100 % est obtenue après deux doses d'un vaccin trivalent rougeole-oreillons-rubéole.

Le premier signe de l'infection par le virus de la rougeole est en général une forte fièvre, qui apparaît environ 10 à 12 jours après l'exposition et persiste 4 à 7 jours. Au cours de ce stade initial, le tableau peut comporter une rhinorrhée (nez qui coule), de la toux, des yeux rouges et larmoyants et de petits points blanchâtres sur la face interne des joues. L'éruption apparaît plusieurs jours plus tard, habituellement sur le visage et le haut du cou. En trois jours environ, elle progresse pour atteindre les mains et les pieds. Elle persiste 5 à 6 jours avant de disparaître. On l'observe en moyenne 14 jours après l'exposition au virus, dans un intervalle de 7 à 18 jours.

La plupart des décès sont dus aux complications de la maladie. Celles-ci sont plus fréquentes avant l'âge de 5 ans ou chez l'adulte de plus de 20 ans. Parmi les complications les plus graves, on observe des cécités, des encéphalites, des diarrhées importantes (susceptibles d'entraîner une déshydratation), des otites et des infections respiratoires graves comme la pneumonie.

En France, la vaccination contre la rougeole, désormais obligatoire pour tout nourrisson né depuis le 1er janvier 2018, nécessite l'administration de deux doses d'un vaccin trivalent ROR (rougeole-oreillons-rubéole) : une première dose à l'âge de 12 mois et une seconde dose entre 16 et 18 mois. Afin d'étendre la protection, toute personne née depuis 1980 devrait aussi avoir reçu deux doses de vaccin.

La vaccination des voyageurs contribue à éviter la transmission ou la dissémination de la maladie dans d'autres pays.

Pour savoir si la vaccination contre la rougeole est recommandée dans sa situation et pour savoir si elle est bien protégée, toute personne peut créer pour elle-même ou ses enfants un carnet de vaccination électronique (CVE) sur le site MesVaccins.net. Le CVE intègre un système expert précis et exhaustif. Il est disponible sur ordinateur de bureau ou sur smartphone (interface mobile, applications iPhone et Android). L'application mobile permet d'accéder à un diagnostic vaccinal personnalisé et de valider les carnet de vaccination électronique des patients.

Source : European Centre for Disease Prevention and Control.