Vingt ans de surveillance du paludisme autochtone en France métropolitaine par le Centre national de référence du paludisme

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Le Centre national de référence (CNR) du paludisme d'importation vient de publier les données concernant le paludisme d'importation en France de 1996 à 2016.

La France métropolitaine est le pays européen rapportant le plus de paludisme d'importation, avec près de 2 000 cas annuels. La surveillance du paludisme repose sur le réseau de Centre national de référence du paludisme qui recueille de 50 à 55 % des accès palustres survenant en France métropolitaine. La représentativité du CNR du paludisme a été évaluée lors d'enquêtes nationales en 1997, 1999, 2003 et 2013, ce qui permet d'estimer le nombre annuel de cas de paludisme à environ 4 000 en France métropolitaine.

Sur un total de 58 397 accès palustres déclarés au CNR au cours des 20 dernières années, les données publiées portent sur 43 333 voyageurs civils. De façon globale, le sexe ratio H/F est de 1,35 ; 80 % des accès déclarés sont survenus chez des adultes (âge > 18 ans). L'évolution temporelle du nombre d'accès montre une augmentation du nombre de cas entre 1996 et 2000 avec un pic de 3 400 cas.en 2000 Depuis on observe une décroissance progressive et le nombre de cas se stabilise à environ 1 700 à 2 000 cas par an.

Plasmodium falciparum est l'espèce prédominante (85,5 %), impliquée dans 87,6 % des cas provenant d'Afrique sub saharienne, 29,7 % des cas provenant d'Amérique latine ou des Caraïbes et dans 22,7 % des cas provenant d'Asie. Les espèces_Plasmodium ovale_et_Plasmodium malariae_sont responsables respectivement de 5,6 % et 1,7 % des accès et sont presque toujours observées après un séjouren Afrique subsaharienne.Plasmodium vivax représente 4 % des accès ; les zones géographiques d'acquisition de cette espèce parasitaire étaient par ordre de fréquence l'Asie (54,5 %), l'Amérique latine ou les Caraïbes (25 %) et l'Afrique du Nord ou de l‘Est (18 %). Enfin, Les infections mixtes impliquant une association d'espèces plasmodiales ont représenté 1,7 % des accès.

La saisonnalité de survenue des cas de paludisme à Plasmodium falciparum montre clairement un pic important (48,5 % des accès) d'août à octobre, largement expliqué par l'augmentation des voyages durant la période de congés d'été en France. On retrouve une tendance comparable mais moins marquée pour les accès à Plasmodium malariae alors qu'il n'est pas observé de saisonnalité dans la survenue des accès à Plasmodium vivax et Plasmodium ovale.

Quatre-vingt seize pour cent des accès sont survenus au retour d'un séjour en Afrique subsaharienne, les pays d'Afrique de l'Ouest étant les plus concernés, suivis des pays d'Afrique centrale puis des Comores.

En 1996, les personnes originaires d'Afrique représentaient 53,5 % des accès ; elles représententactuellement 83,4 % des accès observés en France métropolitaine. Parallèlement, les motifs du voyage ont évolué : dans 77 % des cas, il s'agit maintenant d'une visite à la famille ou aux amis (Visit to friends and relatives VFR).

Sur le plan clinique, bien que l'on observe une augmentation du nombre d'accès palustres graves (131 en 1996 contre 279 en 2016), la mortalité liée au paludisme reste stable et représente environ 0,4 % des accès palustres observés.

Dans la discussion, les auteurs soulignent les modifications significatives observées chez les voyageurs en zone d'endémie palustre et ayant présenté un accès palustre, notamment l'accroissement de la part des visites à la famille et aux amis chez les voyageurs ayant présenté un accès palustre en France métropolitaine. Ils insistent sur la réflexion nécessaire pour adapter la stratégie de prévention et réduire la morbidité du paludisme parmi les voyageurs.

Source : Centre national de référence du paludisme d'importation.