Le Japon enregistre plus de 4 000 cas de syphilis au cours des 9 premiers mois de 2020

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Au Japon le Japan’s National Institute of Infectious Diseases a signalé 4 168 cas de syphilis au 30 septembre dont 1 100 cas à Tokyo, 661 à Osakaet 229 dans les préfectures d'Aichi et de Fukuoka.

La syphilis au Japon

Au Japon, la notification des cas de syphilis remonte à 1948. Depuis 2013, alors que le nombre de cas annuel notifié demeurait stable avec environs 850 cas annuels, ce pays est confronté à une augmentation conséquente du nombre de cas. Le nombre de cas notifié en 2013, 2014, 2015, 2016, 2017, 2018 et 2019 était respectivement de 1 228, 1 661, 2 690, 4 57, 5 826, 7 007 et 6 577.

Dans un rapportpublié en janvier 2020, l’Institut National des maladies infectieuses japonais a fait le bilan descriptif de cette épidémie au 2 octobre 2019 :

  • 68% des cas concernent des hommes.
  • 70% des cas sont des formes précoces de syphilis (syphilis primaire ou secondaire).
  • Les cas de syphilis congénitale restent rares mais sont en augmentation (moins de 20 cas annuels).
  • La répartition des formes précoces en fonction de l’âge et du sexe montre chez les femmes un pic marqué entre 20 et 29 ans, alors que chez les hommes les cas se répartissent de manière homogène entre 20 et 40 ans.
  • L’augmentation des cas est attribuée à une augmentation de la transmission à l’occasion de contacts hétérosexuels tant chez les hommes que chez les femmes. Sur la période 2012-2016, chez les hommes, un contact hétérosexuel comme source d’infection était décrit dans 49% des cas et un contact homosexuel dans 36,3% des cas (le mode transmission était inconnu dans 13,6% des cas). Chez les femmes, une transmission lors d’un contact hétérosexuel était évoquée dans 89,7% des cas. En 2018,chez les hommes, un contact hétérosexuel était à l’origine de la transmission dans plus de 75% des cas.
  • Trois métropoles sont principalement touchées : Tokyo, Osaka et Okayama.

Les facteurs à l’origine de cette épidémie (modification des comportements et pratiques sexuels, rôle du commerce du sexe, augmentation des cas importés de l'étranger …) ne sont pas tous identifiés.

  • Un lien entre le taux de pénétration des applications de rencontre et l'incidence de la syphilis a été décrit. La popularisation des médias sociaux pourrait contribuer à la résurgence de la syphilis au Japon en favorisant les rencontres anonymes et la prostitution occasionnelle, en particulier dans la population féminine.
  • Une étudemenée à Tokyo a montré que les rapports sexuels oraux constituaient un facteur de risque tant dans les populations hétérosexuelles qu’homosexuelles.
  • Une étudedans la population masculine où la transmission de la syphilis s’est faite à l’occasion d’un contact homosexuel a identifié comme facteurs de risque la fréquence des rapports sexuels anaux et oraux et l’absence d’utilisation du préservatif.
  • Une étudemenée à Osaka a comparé les génotypes des tréponèmes circulant chez les malades ayant une orientation hétérosexuelle à celles circulant chez les hommes ayant des contacts sexuels avec les hommes. La diversité génétique est limitée dans la première population, contrairement à la seconde, et les génotypes communs aux deux populations sont rares. Les auteurs concluent qu’il semble probable que des facteurs indépendants contribuent à la réémergence de la syphilis dans les deux populations étudiées.

Rappels sur la** syphilis.**

La syphilis est une infection sexuellement transmissible contagieuse causée par une bactérie appeléeTreponema pallidum. La bactérie se transmet par des rapports sexuels non protégés (vaginal, anal ou bucco-génital), par voie sanguine (transfusion ou rarement usage de matériel souillé) et par voie transplacentaire pendant la grossesse, de la mère à l'enfant. La période d'incubation est de 3 semaines à 1 mois. La syphilis évolue classiquement en plusieurs stades successifs :

  • Au stade primaire, la maladie n'a pas toujours de signes apparents. Quand ils existent, il s'agit d'une ulcération (le chancre d'inoculation), petite plaie rosée, creuse, propre, et indolore, qui se retrouve au niveau du fourreau de la verge, sur le gland, ou au niveau du vagin ou de la vulve. Cette lésion, extrêmement contagieuse, s'accompagne d'une adénopathie importante.
  • En absence de traitement, la maladie évolue vers le stade secondaire trois à dix semaines après le chancre et correspond à une diffusion générale du tréponème dans le corps, et s'accompagne d'éruptions multiples sur la peau ou sur les muqueuses (sans démangeaison) : c'est la roséole.
  • Le stade tertiaire, devenu très rare, n'apparaît qu'après des années de développement (3 à 15 ans en moyenne après le chancre, chez 10 % des patients non traités) et se présente avec des atteintes cardio-vasculaires, nerveuses et articulaires.

Il est fortement recommandé aux voyageurs d'utiliser un préservatif avec tout nouveau partenaire sexuel.

Source :Outbreak News Today.

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