Premier cas de dirofilariose humaine signalé en Ukraine cette année

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Les autorités de la ville de Melitopol, dans le sud-est de l'Ukraine, ont signalé le premier cas humain de dirofilariose en janvier 2021. Il a été confirmé que le patient souffrait de dirofilariose de la paupière. Au cours des deux dernières décennies, 200 cas ont été signalés en Ukraine. Ces dernières années, selon les experts, on a constaté une augmentation de l'incidence de la dirofilariose dans les pays où elle est considérée comme rare.

Rappels sur la dirofilariose :

La dirofilariose est une zoonose parasitaire due à des nématodes du genre Dirofilaria transmis par les moustiques. Les deux espèces le plus souvent impliquées sont Dirofilaria repens et D. immitis.

Cycle parasitaire : La transmission entre animaux, et des animaux aux humains, se fait généralement par une piqûre de moustique. De nombreuses espèces de moustiques du genre Aedes, Anopheles, Culex, Mansonia ou Coquillettidia ont été identifiées comme vecteur potentiel. Lors d'un repas de sang, un moustique infecté introduit des larves filaires dans la peau de l'hôte définitif (généralement un chien domestique). Ces larves vont évoluer vers des formes adultes qui vont se localiser dans les artères pulmonaires et parfois dans le ventricule droit du cœur pour D. immitis (la femelle mesure 230-310 mm et le mâle 120-190 mm), et dans les tissus sous-cutanés pour D. repens (la femelle mesure 100-170 mm et le mâle 50-70 mm). Au cours de leur vie, les femelles libèrent des microfilaires dans la circulation sanguine de l'hôte définitif qui sont ingérées par les moustiques pendant leur repas sanguin. La transmission à l’homme se produit quand deux conditions sont réunies : la présence d'une espèce de moustique capable de transmettre les parasites, et la présence d'un nombre minimum de chiens infectés par des helminthes adultes qui produisent microfilaires. L’homme est un impasse parasitaire car les larves ne peuvent devenir des adultes matures.

Épidémiologie : La distribution de D. repens est limitée à l'Ancien Monde, avec des zones à forte prévalence en Europe du Sud et de l'Est, en Asie mineure, en Asie centrale et au Sri Lanka. D. immitis est plus répandue dans les régions tropicales et tempérées notamment dans le sud-est des États-Unis, dans de nombreux pays d’Amérique du Sud, en Australie, en Asie et en Europe du Sud. Dans plusieurs régions, en particulier sur le pourtour méditerranéen, D. repens et D. immitis coexistent. En Europe, D. repens s'est propagé plus rapidement que D. immitis à partir des zones endémiques de l'Europe du Sud à l'Europe du Nord. Le changement climatique qui favorise les moustiques vecteurs, l’augmentation des mouvements des animaux de compagnie, et le sous diagnostic de l’infection chez les chiens (D. repens est responsable d’atteintes pauci-symptomatiques) ont contribué à cette expansion.

Manifestations chez l’animal : D. repens a pour hôte définitif principal les chiens, mais le parasite peut également infecter les carnivores sauvages (renards roux, loups), ainsi que les chats. Chez l’animal, D. repens est responsable d’atteintes sous-cutanées et oculaire. D. immitis est responsable de la dirofilariose cardio-pulmonaire canine et féline. Outre les chiens, les chats, les furets et les carnivores sauvages (renards, chacals et loups) peuvent également servir d'hôtes, mais sont asymptomatiques dans la plupart des cas. Les chats sont généralement plus résistants aux dirofilaires adultes.

Manifestations cliniques chez l’homme : D. repens est à l’origine d’une atteinte sous-cutanée causés par des vers adultes et pré-adultes dans les tissus sous-cutanés. Elle se présente comme un nodule sous-cutané qui se développe progressivement sur une période de plusieurs semaines ou de plusieurs mois. La dirofilariose oculaire due à D. repens touche différentes régions oculaires (zone orbitale, paupières et tissus sous-conjonctifs et intravitréens). Certains de ces cas ont des conséquences graves, avec des troubles de la vision et des complications telles que décollement de la rétine, glaucome, opacité de l'humeur vitrée, cristallin.D. immitis est responsable d’une atteinte pulmonaire. Elle est caractérisée par la formation de nodules pulmonaires autour de vers adultes immatures qui ont récemment mué à partir de larves bloquées dans une branche de l'artère pulmonaire, provoquant une embolie et une inflammation localisée. Seul un petit nombre de patient est symptomatique. Néanmoins, cette spécificité espèce/forme clinique est remise en question, car des études moléculaires récentes ont signalé que des atteintes sous-cutanés et cutanés étaient dues à D. immitis, et que des atteintes pulmonaires impliquaient D. repens.

Le diagnostic de la dirofilariose humaine se fait lors de l’exploration de nodules sous-cutanés ou une localisation oculaire en général découvert par le patient, ou lors de la découverte fortuite de nodule(s) pulmonaire(s) sur un examen d’imagerie généralement effectué pour des raisons sans rapport avec la dirofilariose.

L’extraction chirurgicale des filaires est le traitement de choix. Elle est facile pour ce qui concerne l’exérèse des nodules sous-cutanés ou l’extraction d’une filaire sous-conjonctivale, mais plus complexe pour ce qui concerne les atteintes pulmonaires ou rétro-oculaires. Il n’y a pas de traitement antiparasitaire standardisé, l’ivermectine étant citée.

Références : PLoS Negl Trop Dis. 2016 May 19;10(5):e0004547. doi: 10.1371/journal.pntd.0004547, Parasit Vectors. 2018 Dec 19;11(1):663. doi: 10.1186/s13071-018-3205-x, Vet World. 2019 Oct;12(10):1630-1643. doi: 10.14202/vetworld.2019.1630-1643, Clin Microbiol Rev. 2012 Jul; 25(3): 507–544. doi: 10.1128/CMR.00012-12.

Source : Outbreak News Today.

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