Augmentation des cas de lymphogranulome vénérien en Navarre, Espagne

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En Espagne, l'Instituto Navarro de Salud Pública y Trabajo signale une augmentation des cas de lymphogranulome vénérien (LGV), une infection sexuellement transmissible (IST). Depuis le début de l'année, 17 cas ont été signalés alors qu'au maximum 8 cas ont été détectés les années précédentes. Les hommes qui ont des partenaires sexuels multiples et qui ont des rapports sexuels non protégés sont les plus exposés au risque d'infection. Tous les cas recensés cette année concernaient de jeunes hommes adultes et se présentaient sous la forme d'une proctite (inflammation du rectum).

Cette tendance a été décrite dans d'autres régions d'Espagne.

Rappel sur le lymphogranulome vénérien

Chlamydia trachomatis est responsable d’infections oculaires et génitales. Les différentes souches peuvent être séparées en deux biovars : le biovar trachomatis et le biovar LGV (lymphogranulome vénérien), chacun comprenant différents sérovars. Les sérovars A, B, et C sont associés au trachome ; les sérovars D, E, F, G, H, I, J, et K sont responsables d’infections urogénitales et les sérovars L1, L2, et L3 sont impliqués dans le lymphogranulome vénérien (LGV).

De répartition mondiale, le LGV est une maladie endémique dans les régions tropicales et subtropicales. Depuis le début des années 2000 il a été observé dans les pays industrialisés où il a été décrit principalement en milieu urbain, chez les hommes ayant des relations sexuelles avec d'autres hommes, notamment chez les patients séropositifs pour le VIH..

Le LGV se transmet par contact sexuel vaginal, anal ou oral. Une mère infectée peut également transmettre la LGV à son bébé au moment de l’accouchement.

Le LGV est une maladie strictement humaine dont le délai d’incubation varie de 3 à 30 jours (parfois jusqu’à 6 semaines). L’infection évolue en trois stades.

  • Le 1er stade, transitoire, est celui du chancre au point d'inoculation. Il se traduit par une petite papule non douloureuse du sillon balano-préputial, du fourreau de la verge, de l'orifice urétral et du scrotum chez l'homme, des grandes lèvres et de la paroi postérieure du vagin chez la femme, ou encore du rectum ou de la cavité orale. Cette lésion guérit sans traitement et passe le plus souvent inaperçue.
  • Le 2e stade apparaitaprès 1 à 2 semaines. La maladie se révèle par deux tableaux cliniques principaux, l’adénite inguinale et l’ano-rectite aigüe qui peuvent être associées à une fièvre, des myalgies, des arthralgies..
    • Les adénopathies inflammatoires (gros ganglion douloureux), fréquemment unilatérales, concernent un ou plusieurs ganglions inguinaux et/ou fémoraux. Les ganglions peuvent s’ouvrir et libérer du pus (on parle de bubon). L'adénite inguinale, fréquente chez l'homme, est rare chez la femme.
    • L’anorectite se traduit par des douleurs rectales, un ténesme (contracture douloureuse du rectum avec sensation de brûlure, envie constante d’aller à la selle), des faux besoins et un écoulement mucopurulent plus ou moins hémorragique. Des adénopathies uni ou bilatérales sont présentes.
  • La phase tertiaire apparait en en l’absence de traitement. Elle se caractérise par des lésions fibreuses (rétrécissement du rectum) ou fistulisantes (fistules génitales, fistules périnéales).

Les personnes présentant des lésions LGV génitales ou colorectales peuvent également souffrir d'une infection bactérienne secondaire ou être infectées par d'autres agents pathogènes sexuellement transmissibles.

Le traitement curatif est simple mais plus long que celui des infections uro-génitales à _Chlamydiae_dues à d’autres sérovars. Il repose sur les antibiotiques prescrits pendant 3 semaines (doxycycline ou érythromycine en cas d’allergie ou chez la femme enceinte). Lorsque le traitement est réalisé avant la phase tertiaire il n’y a pas de séquelle.

Les personnes qui ont eu des contacts sexuels avec un patient atteint du LGV dans les 60 jours précédant l'apparition des symptômes du patient doivent être examinées dépistés et traités.

La prévention passe par l'usage du préservatif.

Références : (1) Aubry P., Gaüzère B.A. Infections sexuellement transmissibles. Texte mis à jour le 21/11/2020. (2) Gouvernement du Québec. Lymphogranulomatose vénérienne. Dernière mise à jour : 9 mars 2017. (3) Section MST/SIDA de la Société Française de Dermatologie. Recommandations diagnostiques et thérapeutiques pour les maladies sexuellement transmissibles. 2016. (4)Société Nationale Française de Colo-Proctologie. Infection rectale à chlamydia. Mise à jour : juin 2018.

Source : Outbreak News Today.

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