Premier cas d'échinococcose à Echinococcus canadensis chez un orignal en Norvège

medecinedesvoyages.net

En Norvège, le parasite Echinococcus canadensis G10 a été détecté sur un orignal retrouvé mort dans le comté d'Innlandet. Un échantillon a été prélevé dans le cadre de l'inspection ordinaire de l'abattage de l'Autorité norvégienne de sécurité alimentaire. L'animal, en bon état général, présentait des kyste dans les poumons.

C'est la première fois que le parasite a été détecté chez un orignal en Norvège, E. canadensis G10 n'a pas été détecté en Norvège auparavant, mais il a été détecté en Suède et en Finlande. En Finlande, il a également été à l'origine d'un cas humain.

Dans la nature, E. canadensis a une nature sylvatique et semi-synanthropique avec un cycle de vie impliquant des cervidés sauvages (y compris l'orignal) comme hôte intermédiaire et canidés (chiens, coyotes et loups) comme hôtes définitifs. L'échinococcose peut infecter l'homme, mais l'Institut de santé publiqueconsidère qu'il y a un très faible risque d'infection dans ce cas.

Rappels sur l'Échinococcose kystique ou hydatidose

L'échinococcose humaine est une zoonose (maladie transmise à l'homme par l'animal) causée par des parasites, à savoir des ténias du genre Echinococcus. L'échinococcose se présente sous 4 formes :

  • l'échinococcose kystique, également connue sous le nom de maladie hydatique ou hydatidose, due à l'infestation par un complexe d'espèces centrée sur Echinococcus granulosus ;
  • l'échinococcose alvéolaire, due à l'infestation par E. multilocularis ;
  • deux formes d'échinococcose néotropicale : l'échinococcose polykystique causée par E. vogeli ; et l'échinococcose unikystique causée par E. oligarthrus.

_ Répartition géographique _

L'échinococcose kystique existe sur tous les continents sauf l'Antarctique, en particulier dans les pays du bassin méditerranéen, d'Afrique du Nord, d'Amérique latine, en Australie, en Nouvelle Zélande, en Chine< et en Europe centrale.

_ Transmission _

Le cycle parasitaire comprend deux hôtes: un hôtes intermédiaire (HI) et un hôte définitif (HD).

Un certain nombre d' animaux herbivores et omnivores agissent comme des hôtes intermédiaires pour_Echinococcus_. Ils s'infectent en ingérant les œufs embryonnés (embryophores) du parasite présents dans le milieu extérieur (aliments et eau) qui se développent ensuite en stades larvaires dans les viscères. Les larves traversent la paroi digestive et gagnent le foie, voire d'autres organes où elles se développent, par voie sanguine.

Les carnivores agissent comme des hôtes définitifs pour le parasite et hébergent le ténia mature dans leurs intestins où il va émettre des oeufs. Ces hôtes définitifs s'infectent en ingérant les viscères d'hôtes intermédiaires contenant les larves du parasite.

Les humains sont des hôtes intermédiaires dits accidentels. Ils contractent l'infection en ingérant des embryophores après contact direct avec le chien (léchage, caresse), plus rarement indirectement à partir d'aliments ou d'eau contaminés. Les œufs pénètrent la paroi digestive et gagnent le foie par voie sanguine. Plus rarement, ils peuvent gagner d'autres organes.

Actuellement, sur la base de l'analyse phylogénétique et de la spécificité des hôtes parasites dans leurs cycles de vie, on distingue 5 espèces au sein du complexe Echinococcus granulosus sensu lato. : E. granulosus sensu stricto, E. equinus, E. ortleppi, E. canadensis et E. felidis (Parasit Vectors. 2022 Mar 28;15(1):109.doi: 10.1186/s13071-022-05197-8 .)

  • E. granulosus sensu stricto. comprend les génotypes G1 et G3, anciennement décrits comme "souche mouton" et "souche buffle", respectivement. Le génotype G2 n'est plus considéré comme un génotype valide, mais il est reconnu comme une microvariante du G3. E. granulosus s.s. est distribué dans le monde entier en raison à la fois d'une faible spécificité d'HI et d'un commerce de bétail étendu. Les principaux HI et HD contribuant au maintien du cycle de vie du parasite sont les petits ruminants (en particulier les moutons) et les chiens (principalement les chiens de berger), respectivement. E. granulosus s.s. est à l'origine de 88,5 % des infections humaines d'hydatidose.
  • E. equinus est représenté par le génotype G4, anciennement décrit comme "souche chevaline". Les principaux HI et HD sont les équidés et les chiens. On a longtemps pensé que cette espèce n'était pas zoonotique jusqu'à ce que deux cas d'infection humaine soient récemment documentés en Turquie et en Ouzbékistan.
  • E. ortleppi est représenté par le génotype G5, anciennement décrit comme "souche bovine". Les principaux HI et HD sont les bovins et les chiens. Cette infection parasitaire est devenue rare chez les animaux et peu d'infections humaines ont été documentées dans le monde.
  • Le cluster E. canadensis est en divisé en deux clades principaux. Les génotypes G6/7 (anciennement décrits comme "souche chameau" et "souche porc", respectivement) et les génotypes G8/G10 (également appelés "souches cervidés"). Les génotypes G6/7 sont distribués dans le monde entier et ont une spécificité d'HI assez faible, impliquant principalement des espèces domestiques telles que les porcs, les chameaux et les chèvres et les chiens comme DH. E. canadensis (G6/7) est la deuxième espèce la plus importante en matière de santé publique, puisqu'elle est à l'origine d'environ 11 % des infections humaines documentées dans le monde. Les génotypes G8/G10 ont une distribution circumpolaire dans l'hémisphère nord. Les principaux HI et HD contribuant au maintien du cycle de vie du parasite sont les cervidés sauvages (tels que l'élan et le cerf) et les loups, respectivement, mais aussi, dans une moindre mesure, les rennes semi-domestiques et les chiens de chasse, de traîneau ou de berger. Peu d'infections humaines à E. canadensis (G8/G10) ont été documentées jusqu'à présent. Le statut taxonomique du groupe d'E. canadensis (G6/7, G8 et G10) est toujours en discussion.
  • E. felidis (également appelée "souche lion"), a un cycle de vie sauvage et n'est présente qu'en Afrique sub-saharienne. Aucune infection humaine n'a été documentée jusqu'à présent.

_ Symptômes _

L'infestation humaine par E. granulosus entraîne le développement d'un ou plusieurs kystes hydatiques situés le plus souvent dans le foie et les poumons, et moins fréquemment dans les os, les reins, la rate, les muscles et le système nerveux central.

La période d'incubation asymptomatique de la maladie peut durer de nombreuses années avant que les kystes hydatiques soient suffisamment développés pour déclencher des signes cliniques.

Les hydatides hépatiques entraînent souvent des douleurs abdominales, des nausées et des vomissements. En cas d'atteinte pulmonaire, les signes cliniques sont une toux chronique, des douleurs thoraciques et un essoufflement. Les autres signes dépendent de l'emplacement des kystes hydatiques et de la pression exercée sur les tissus environnants. Les signes non spécifiques comprennent l'anorexie, la perte de poids et l'asthénie.

_ Traitement _

Trois options thérapeutiques existent pour traiter l'échinococcose kystique :

  • le traitement percutané des kystes hydatiques par la technique PAIR (ponction, aspiration, injection, réaspiration) ;
  • la chirurgie ;
  • le traitement médicamenteux anti-infectieux (albendazole).

_ Prévention _

L'échinococcose kystique est une maladie évitable car les hôtes définitifs et intermédiaires sont des espèces animales domestiques. La prévention repose sur les mesures suivantes :

  • l'éducation des populations ;
  • la vermifugation périodique des chiens avec du praziquantel (au moins 4 fois par an) ;
  • l'euthanasie systématique des chiens errants ;
  • empêcher les chiens de se nourrir des carcasses de moutons infectés ;
  • prudence dans les contacts homme chien (léchage, caresses...) ;
  • l'amélioration de l'hygiène lors de l'abattage du bétail (y compris la destruction appropriée des abats infectés);
  • la vaccination des moutons avec un antigène recombinant d'E. granulosus (EG95) offre des perspectives encourageantes en matière de lutte. Le vaccin est actuellement fabriqué pour être disponible sur le marché et il est homologué en Chine et en Argentine. En Argentine, des essais ont démontré la valeur ajoutée de la vaccination des moutons et en Chine, le vaccin est utilisé à grande échelle.

Au niveau individuel

  • Ne pas consommer d'aliments ou d'eau qui pourraient avoir été contaminés par des matières fécales de chiens.
  • Se laver les mains avec du savon et de l'eau chaude après avoir manipulé des chiens, et avant de manipuler de la nourriture.

Source : ProMed

Pages associées