Epidémie d'infections digestives à Salmonella typhi et Escherichia coli entero-toxinogène au Kenya

medecinedesvoyages.net

Au Kenya, quatre personnes sont mortes et plus de 600 ont été malades dans deux écoles du Kenya, le lycée de filles de Mukumu et le lycée de garçons de Butere, dans le comté de Kakamega. La maladie semble avoir débuté le 1er mars 2023 et, au 14 avril 2023, 627 patients étaient malades, dont 19 élèves admis dans 7 établissements de santé du pays. Les symptômes comprennent de la fièvre, des douleurs abdominales, des crampes, des vomissements et de la diarrhée. Un enseignant et trois élèves sont décédés. Les deux écoles ont été fermées par le ministère de l'éducation et le gouvernement du comté de Kakamega, tandis que l'enquête se poursuit.
L'analyse préliminaire en laboratoire d'échantillons d'eau, d'aliments et d'êtres humains a révélé la présence d'_E. coli_entérotoxinogène (ETEC) et de Salmonella typhi, agent de fièvre typhoïde. Les tests effectués sur les céréales et les légumineuses n'ont pas révélé la présence d'aflatoxine. Les tests de laboratoire pour diverses autres maladies se sont également révélés négatifs.
Les enquêtes sur le terrain ont mis en évidence une possible contamination du réservoir d'eau. L'agence a déclaré que la maladie a probablement été causée par un mélange d'E. coli et de Salmonella Typhi qui peut se produire si les sources d'eau sont contaminées. La propagation d'une personne à l'autre est probablement due à la proximité des personnes.

Rappels

La la f** ièvre typhoïde**:

La fièvre typhoïde à Salmonella typhi (comme les fièvres paratyphoïdes à Salmonella para-typhi A, B et C) sont des infections bactériennes systémiques à point de départ digestif. La source de contamination réside dans les matières fécales des personnes malades ou porteuses saines mais excrétrices de Salmonella.

La transmission est dite féco-orale :

  • soit directe par ingestion des bactéries à partir de selles contaminées,
  • soit le plus souvent indirecte par ingestion d'eau ou d'aliments consommés crus (fruits de mer, légumes, etc.) et souillés par des selles de personnes infectées (égouts, épandage, etc.).

Les symptômes apparaissent généralement de 1 à 3 semaines après l'exposition, et peuvent être légers ou graves. Ils comprennent une forte fièvre, des malaises, des maux de tête, une constipation ou une diarrhée, des taches rosées sur la poitrine, et une atteinte de la rate et du foie. Un portage asymptomatique de la bactérie peut faire suite à la maladie.

La prise en charge d'une fièvre typhoïde ou paratyphoïde peut nécessiter une hospitalisation. Le traitement repose sur les antibiotiques. La létalité qui peut atteindre 10 % sans traitement antibiotique, est inférieure à 1 % avec une antibiothérapie adaptée.

Les Escherichia coli entero-toxinogène (ECET / ETEC en anglais)

LesE. colientérotoxinogénes sont responsables d'environ un tiers des cas dediarrhée du voyageur en zone intertropicale («tourista»).Ils sont aussi la principale cause de diarrhée infantile dans les pays en voie de développement avec lesECEPet lesRotavirus. Les infections à ETEC montrent une périodicité saisonnière et augmentent nettement au cours des périodes chaudes de l'année.

Après l'étape initialed'adhésionetdecolonisation,lessouchesresponsablesdediarrhéesdéveloppentdifférentes stratégies. LsECETproduisentdeux types detoxines («ST» thermostable et «LT» thermolabile,proche de la toxine deVibrio cholerae)qui perturbentla réabsorption de l'eau et des électrolytes parles entérocytes.

Lessymptômessont ceux d'une diarrhée aqueusesans glaires ni sang,peuou pas fébrile,pouvant s'accompagner de vomissements,spontanément résolutive en2 à5 jours.Habituellement bénigne, elle peut cependant entrainer une déshydratation sévèrechez le jeune nourrisson. Latransmission se fait principalement par l'eau contaminée.

En voyage, les effets de la diarrhée peuvent être très graves, en particulier chez les enfants et les personnes âgées.

Recommandation pour le voyageur

*La vaccination contre la fièvre typhoïde (Typhim Vi, Tyavax) est recommandée dans des pays où l'hygiène est précaire pour les voyageurs***dont le séjour est prolongé ou se fait dans de mauvaises conditions.**Ce vaccin n'assurant qu'une protection de 50 à 80 %, il ne se substitue pas aux mesures d'hygiène, qui sont les seuls outils de prévention des infections à ETEC.

Il est recommandé à ceux, se mêlant étroitement avec la population locale dans les zones d'épidémie, de prendre les mesures suivantes :

  • se laver fréquemment les mains à l'eau et au savon, en particulier avant toute prise alimentaire ;
  • éviter l'usage des serviettes collectives ;
  • ne manger que des aliments cuits ;
  • éviter la consommation de poissons, coquillages, ou fruits de mer autrement que bien cuits ou frits ;
  • peler soigneusement, à défaut cuire ou désinfecter les fruits et légumes ;
  • ne boire que de l'eau minérale en bouteille capsulée ou de l'eau traitée (par chloration, par Troclosène sodique ou par ébullition) ;
  • ne pas consommer de glaçons, de crèmes glacées ou sorbets en vente publique.

Source : ProMED