Virus Zika et risque transfusionnel

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Le risque théorique de contamination du virus Zika lors d'une transfusion sanguine est particulièrement élevé dans les zones touchées par l'épidémie (principalement Amérique du Sud et Caraïbes). Le virus Zika est un virus transmis par les moustiques qui a des moyens secondaires importants de transmission qui comprennent les modes périnatales et sexuels. Le risque de transmission par transfusion sanguine sanguins est une préoccupation en raison de la détection de virémie chez des donneurs de sang en bonne santé.

Ce risque est comparable avec d'autres arbovirus comme la dengue et le West Nile. Il est a prendre en compte de par l'incidence très élevée de l'infection des populations dans les régions atteintes, du grand nombre de formes asymptomatiques et d'une longue période de virémie de 7 à 10 jours.

Deux observations bien documentées de transmission par transfusion sanguine survenus au Brésil viennent d'être publiés en ligne par la revue Transfusion et par le New England Journal of Medicine.

Dans les deux cas, le produit sanguin contaminé était une unité plaquettaire déleucocytée, obtenue par aphérèse et irradiée. Cette unité avait été transfusée le 19 janvier 2016 à deux patients atteints pour l'un, d'une myélofibrose, et pour l'autre, d'une leucémie myeloblastique. L'alerte a été donné lorsque le 21 janvier le donneur a signalé l'apparition d'un rash, de douleurs rétro-orbitaires et de gonalgies.

L'enquête virologique diligentée immédiatement a montré par RT-PCR la présence du génome du virus Zika dans le sang du donneur, ce que la sérologie a confirmé. Chez les receveurs, les prélèvements effectués avant transfusion (et testés rétrospectivement) étaient négatifs en RT-PCR et se sont positivés quelques jours plus tard. Le séquençage moléculaire réalisé sur les 3 échantillons a montré leur identité avec présence de changements nucléotidiques n'ayant encore jamais été retrouvés au Brésil. La possibilité d'une contamination simultanée par un groupe de moustiques infectés par le même virus a pu être raisonnablement écartée puisque l'un des patients vivait à plus de 200 km du donneur.

Les suites ont été simples pour les deux receveurs sans manifestation clinique et avec négativation de la RT-PCR sanguine en quelques semaines.

Devant l'émergence de cette menace, particulièrement préoccupante pour les femmes enceintes, les autorités sanitaires ont pris des mesures préventives. Ainsi, aux Antilles depuis le 16 février et à Porto Rico depuis le 3 avril tous les dons du sang sont testés pour le virus Zika. Les mêmes mesures doivent être prises pour les donneurs ayant séjourné récemment dans des zones infectées.

Références :

  • Motta IJF et coll. Evidence for transmission of Zika virus by platelet transfusion. N Engl J Med 2016; publication avancée en ligne le 17 août 2016.
  • Kuehnert M et coll.: Screening of blood donation for Zika virus infection-porto- Rico, april 3-june 11 2016. MMWR 2016; 65. publication avancée en ligne le 24 juin.

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