Des poliovirus dérivés des souches vaccinales circulent en République Démocratique du Congo

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Depuis 2017, en République Démocratique du Congo, 3 flambées de poliovirus circulants dérivés du vaccin de type 2 (cVDPV2) ont été notifiées dans des cas de paralysie flasque aiguë.

En février 2018, le gouvernement a déclaré que poliovirus circulants dérivés du vaccin de type 2 était une urgence nationale de santé publique.

  • La souche poliovirus circulants dérivés du vaccin de type 2 avait initialement été détectée et signalée en juin 2017 dans la province du Haut Lomami et s'est propagée fin 2017 et début 2018 dans la province du Tanganyika et la province du Haut Katanga, respectivement. Le même virus a été confirmé dans la province d'Ituri en juin 2018, près de la frontière avec l'Ouganda, à partir d'un cas de paralysie flasque aiguë avec début de paralysie le 5 mai 2018. Les investigations se poursuivent. L'Organisation mondiale de la santé a estimé que le risque global pour la santé publique au niveau national était très élevé et le risque de propagation internationale élevé en raison de la proximité de la détection récente du cas de paralysie flasque aiguë qui est proche d'une frontière internationale et de mouvements de population connus.
  • La province de Maniema est touchée par une épidémie de poliovirus circulants dérivés du vaccin de type 2, avec deux cas confirmés en 2017. La date du début de la paralysie du cas le plus récent était le 18 avril 2017. Jusqu'à présent, aucun nouveau cas n'a été détecté en 2018 et il n'y a aucune preuve que ce virus s'est propagé plus loin géographiquement.
  • La troisième et la plus récente épidémie détectée de poliovirus circulants dérivés du vaccin de type 2 a été découverte dans la province de Mongala et isolée d'un cas de paralysie flasque aiguë dans la zone de santé du territoire Bumba. La date de début de la paralysie était le 26 avril 2018. La circulation de la souche a été confirmée lorsque la même souche a été isolée dans des échantillons de selles de deux contacts communautaires en bonne santé.

Commentaires.

Le vaccin contre la poliomyélite peut contenir un ou plusieurs des trois types de virus de la poliomyélite. La vaccination contre un type de poliovirus ne confère pas de protection contre un autre type de virus (par exemple, la vaccination contre le poliovirus 1 ne confère pas de protection immunitaire contre le poliovirus 2).

Il existe deux types de vaccins contre la poliomyélite : le vaccin vivant atténué et le vaccin inactivé.

Le vaccin vivant atténué (vaccin Sabin, du nom de son découvreur) est administré par voie orale (VPO : vaccin antipoliomyélitique oral). Il existe des vaccins vivants atténués contre un seul type, contre deux types ou contre les trois types de poliovirus.

Le vaccin inactivé (en anglais "killed vaccine", vaccin tué appelé vaccin de Salk ou Lépine (deux biologistes qui ont mis au point séparément ce type de vaccin) est administré par injection. Les vaccins inactivés disponibles contiennent les trois types de poliovirus.

Contrairement au vaccin inactivé, le vaccin vivant peut muter, retrouver une virulence et causer de véritables poliomyélites paralytiques. Ces événements sont exceptionnels mais ne sont plus justifiés lorsque les poliovirus sauvages ont été éliminés.

La vaccination contre la poliomyélite a été introduite dans le calendrier vaccinal français en 1958 pour le vaccin inactivé de Salk ou Lépine, et en 1962 pour le vaccin vivant atténué oral de Sabin ; elle a été rendue obligatoire en juillet 1964, avec des rappels de vaccination obligatoires qui doivent être terminés avant l'âge de 13 ans.

Depuis 1982, année durant laquelle plusieurs cas de poliomyélite liés à la vaccination orale ont été déclarés, le vaccin inactivé a remplacé le vaccin oral pour éviter les accidents paralytiques, le vaccin oral étant réservé aux situations épidémiques.

Le vaccin poliomyélitique vivant atténué reste utilisé dans les pays où circule encore le virus de la polio car il est plus efficace sur le terrain, peut vacciner l'entourageet est facile à administrer (grâce à la voie orale), tout en étant peu coûteux. Quand des souches sauvages de poliovirus continuent à circuler, le rapport bénéfices-risques est en faveur de la vaccination par voie orale.

Au fur et à mesure que progresse l'élimination de la poliomyélite, le vaccin polio oral est donc remplacé par le vaccin inactivé.

3. Recommandations de l'Organisation mondiale de la santé.

Aucun cas dû à des souches sauvages de poliovirus de type 3 n'a été détecté depuis le 10 novembre 2012. L'éradication du virus poliomyélitique sauvage de type 2 ayant été déclarée en 2015, l'utilisation du vaccin vivant atténué oral de type 2 au sein du vaccin trivalent (contenant également les poliovirus 1 et 3) entrainait un risque de circulation de poliovirus de type 2 dérivé de la souche vaccinale (cVDPV2), virus pouvant causer une poliomyélite paralytique. C'est pourquoi les 155 pays ou territoires utilisant le vaccin vivant trivalent ont simultanément abandonné ce vaccin pour utiliser un vaccin poliomyélitique oral bivalent, tout en renforçant la surveillance de la vaccination contre la poliomyélite et la surveillance virologique pour mieux détecter la circulation du Poliovirus de type 2 chez l'homme ou dans l'environnement. Toute détection d'une souche vaccinale de type 2 est désormais considérée comme une menace pour la santé publique et nécessite une réponse rapide et coordonnée des autorités de santé. Cette réponse peut notamment comporter la vaccination rapide de la population concernée avec un vaccin vivant atténué oral de type 2 monovalent contre la poliomyélite (mOPV2). Cette vaccination étant elle-même associée au risque d'émergence d'un poliovirus de type 2 d'origine vaccinale dans l'environnement ou la population, le vaccin mOPV2 doit être utilisé selon des règles strictes dans un territoire bien défini.

Une mise à jour de la liste des pays à risque de poliomyélite et des recommandations vaccinales a été réalisée par l'Organisation mondiale de la santé en mai 2018.

Source : Organisation mondiale de la santé.

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