Les médecins et infirmières étrangers travaillant en Arabie saoudite pourraient disséminer le coronavirus du syndrome respiratoire du Moyen-Orient

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Depuis 2012, on observe des cas humains d'infection par un virus proche du coronavirus du SRAS (syndrome respiratoire aigu sévère), qui était apparu en 2003 et s'était répandu en quelques mois à travers le monde, causant un millier de décès. Le nouveau virus, baptisé MERS-CoV (coronavirus du syndrome respiratoire du Moyen-Orient), provoque lui aussi une infection qui évolue vers une détresse respiratoire et la mort dans une proportion élevée des cas : selon les autorités sanitaires, on comptait le 16 juin entre 701 et 833 cas confirmés, et 249 à 313 morts en relation avec l'infection.

La plupart des cas ont été observés en Arabie saoudite, où de nouveaux cas sont diagnostiqués chaque semaine. Il semble que le réservoir de virus soit constitué par des camélidés (chameaux et dromadaires), qui peuvent être des "porteurs sains" de virus. La transmission se ferait par contact avec l'animal, peut-être aussi lors de la consommation de lait ou de viande crus.

Plusieurs cas d'infection par le MERS-CoV se sont déclarés chez des voyageurs en provenance de la péninsule arabique (Arabie saoudite, Qatar, Émirats Arabes Unis, Oman, Yémen), à leur arrivée dans un autre pays. On en a observé ainsi au Royaume Uni, en France, en Algérie, Iran, Jordanie, aux Pays-Bas, et aux États-Unis. A part dans des cas restés exceptionnels, il n'y a pas eu de transmission secondaire du virus dans ces pays, mais le risque de dissémination est établi et il justifie la surveillance coordonnée par l'OMS.

Pour le docteur Amesh Adalja, infectiologue du Centre Médical de l'Université de Pittsburgh interviewé par l'agence Reuters, ce risque pourrait être amplifié par une population particulière de voyageurs, celle des médecins et infirmières étrangers qui partent en nombre travailler quelques mois en Arabie saoudite avant de retourner dans leurs pays d'origine. Ces professionnels de santé, qui peuvent se trouver au contact de sujets porteurs de MERS-CoV dans le cadre de leurs activités, peuvent être contaminés et revenir auprès de leurs proches ou dans leurs services d'origine sans avoir été dépistés. Attirés par des salaires très élevés, ils viennent de nombreux pays différents, où ils peuvent ainsi importer le virus.

Les deux premiers cas de MERS récemment déclarés aux États-Unis étaient des professionnels de santé. Actuellement, 15 % des médecins travaillant en Arabie saoudite seraient américains ou européens, et 40 % des infirmières viendraient des Philippines ou de Malaisie. Leurs contrats généralement courts favorisent les allers-retours fréquents avec les pays d'origine. Leur présence est nécessaire alors que l'Arabie saoudite développe son réseau de santé pour permettre l'accès aux soins à des populations nombreuses. Il n'est pas possible ni envisagé pour l'instant de dépister le MERS-CoV chez tous les individus qui quittent les régions de transmission, mais les professionnels de santé sont censés connaitre les risques qu'ils prennent pour eux et les mesures à prendre pour en éviter la dissémination.

Source : Medscape Infectious Diseases, 20 mai 2014.

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