Nouveau cas de poliomyélite du à un poliovirus dérivé de la souche vaccinale de type 2 en République Démocratique du Congo

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1. Survenue d'un nouveau cas de poliomyélite due à une souche dérivée de la souche vaccinale de type 2 en République du Congo.

L'Organisation mondiale de la santé (OMS) a annoncé la survenue en République Démocratique du Congo, chez un enfant, d'un nouveau cas de paralysie dû à un poliovirus dérivé de la souche vaccinale vivante atténuée de type 2. Ce nouveau cas a été déclaré dans la province de l'Ituri, dans le nord-est de la République Démocratique du Congo, près de la frontière avec l'Ouganda. L'enquête est en cours, mais les premiers rapports indiquent que l'enfant a été paralysé le 5 mai 2018 et qu'il avait voyagé peu de temps auparavant dans le Haut-Katanga. Le séquençage génétique indique d'ailleurs que le cas est lié au foyer du Haut Lomami/Tanganyika/Haut Katanga, où des résistances à la vaccination ont été rapportées, comme l'illustre ce récit. Le cas sera officiellement rapporté dans les données de la semaine prochaine.

2. Commentaires.

Le vaccin contre la poliomyélite peut contenir un ou plusieurs des trois types de virus de la poliomyélite. La vaccination contre un type de poliovirus ne confère pas de protection contre un autre type de virus (par exemple, la vaccination contre le poliovirus 1 ne confère pas de protection immunitaire contre le poliovirus 2).

Il existe deux types de vaccins contre la poliomyélite : le vaccin vivant atténué et le vaccin inactivé.

Le vaccin vivant atténué (vaccin Sabin, du nom de son découvreur) est administré par voie orale (VPO : vaccin antipoliomyélitique oral). Il existe des vaccins vivants atténués contre un seul type, contre deux types ou contre les trois types de poliovirus.

Le vaccin inactivé (en anglais "killed vaccine", vaccin tué appelé vaccin de Salk ou Lépine (deux biologistes qui ont mis au point séparément ce type de vaccin) est administré par injection. Les vaccins inactivés disponibles contiennent les trois types de poliovirus.

Contrairement au vaccin inactivé, le vaccin vivant peut muter, retrouver une virulence et causer de véritables poliomyélites paralytiques. Ces événements sont exceptionnels mais ne sont plus justifiés lorsque les poliovirus sauvages ont été éliminés.

La vaccination contre la poliomyélite a été introduite dans le calendrier vaccinal français en 1958 pour le vaccin inactivé de Salk ou Lépine, et en 1962 pour le vaccin vivant atténué oral de Sabin ; elle a été rendue obligatoire en juillet 1964, avec des rappels de vaccination obligatoires qui doivent être terminés avant l'âge de 13 ans.

Depuis 1982, année durant laquelle plusieurs cas de poliomyélite liés à la vaccination orale ont été déclarés, le vaccin inactivé a remplacé le vaccin oral pour éviter les accidents paralytiques, le vaccin oral étant réservé aux situations épidémiques.

Le vaccin poliomyélitique vivant atténué reste utilisé dans les pays où circule encore le virus de la polio car il est plus efficace sur le terrain, peut vacciner l'entourageet est facile à administrer (grâce à la voie orale), tout en étant peu coûteux. Quand des souches sauvages de poliovirus continuent à circuler, le rapport bénéfices-risques est en faveur de la vaccination par voie orale.

Au fur et à mesure que progresse l'élimination de la poliomyélite, le vaccin polio oral est donc remplacé par le vaccin inactivé.

3. Recommandations de l'Organisation mondiale de la santé.

Aucun cas dû à des souches sauvages de poliovirus de type 3 n'a été détecté depuis le 10 novembre 2012. L'éradication du virus poliomyélitique sauvage de type 2 ayant été déclarée en 2015, l'utilisation du vaccin vivant atténué oral de type 2 au sein du vaccin trivalent (contenant également les poliovirus 1 et 3) entrainait un risque de circulation de poliovirus de type 2 dérivé de la souche vaccinale (cVDPV2), virus pouvant causer une poliomyélite paralytique. C'est pourquoi les 155 pays ou territoires utilisant le vaccin vivant trivalent ont simultanément abandonné ce vaccin pour utiliser un vaccin poliomyélitique oral bivalent, tout en renforçant la surveillance de la vaccination contre la poliomyélite et la surveillance virologique pour mieux détecter la circulation du poliovirus de type 2 chez l'homme ou dans l'environnement. Toute détection d'une souche vaccinale de type 2 est désormais considérée comme une menace pour la santé publique et nécessite une réponse rapide et coordonnée des autorités de santé. Cette réponse peut notamment comporter la vaccination rapide de la population concernée avec un vaccin vivant atténué oral de type 2 monovalent contre la poliomyélite (mOPV2). Cette vaccination étant elle-même associée au risque d'émergence d'un poliovirus de type 2 d'origine vaccinale dans l'environnement ou la population, le vaccin mOPV2 doit être utilisé selon des règles strictes dans un territoire bien défini.

Une mise à jour de la liste des pays à risque de poliomyélite et des recommandations vaccinales a été réalisée par l'Organisation mondiale de la santé en mai 2018.

Source : Organisation mondiale de la santé.

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