Plusieurs flambées de dengue signalées en Guadeloupe et dans les îles du Nord

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Depuis le début de la bouffée épidémique (octobre 2019) près de 4 360 cas évocateurs de dengue ont consulté, dont 33 % au cours des quatre dernières semaines.

L'identification des sérotypes du virus de la dengue parmi une quarantaine de prélèvements a mis en évidence une majorité de DENV-2 circulant (95 %) sur le territoire.

Le nord de Grande-Terre et une partie de la côte sous le vent n'ont pas recensé de cas de dengue.

Quelques communes de la Côte sous le vent semblent indemnes depuis la semaine 2019-52 : Vieux-Habitants, Bailly, Basse-terre et Vieux-Fort.

Les communes les plus impactées pour cette période sont situées en Grande-Terre (Le Gosier et Saint-François) et à Marie-galante (Saint-Louis) avec des incidences dépassant les 10 cas biologiquement confirmés de dengue pour 10.000 habitants.

Les communes du Centre de la Basse-Terremontrent des incidences comprises entre 5 et 10 cas biologiques pour 10.000 habitants : Goyave, Petit-Bourg, Bouillante, Lamentin et Baie-Mahault. La Désirade et la commune de Grand-Bourg à Marie-Galante affichent des incidences du même ordre de grandeur, entre 5 et 10 cas pour 10.000 habitants.

Les indicateurs de surveillance demeurent élevés avec une soixantaine de cas cliniques et une dizaine de cas biologiques confirmés chaque semaine.

Le nombre de consultations en milieu libéral augmente en troisième semaine de janvier 2020 avec 65 cas (versus 40 cas en S2020-02).

Depuis le mois d'octobre 2019 (semaine 2019-40), près de 485 cas cliniquement évocateurs de dengue ont été enregistrés en médecine de ville dont 36 % au cours des 4 dernières semaines.

Le nombre estimé de consultations est quasiment équivalent au pic observé mi-décembre (S2019-50) avec 70 cas.

Parmi une cinquantaine de prélèvements analysés, le sérotype DENV-1 est le sérotype majoritaire circulant (82 %). Les données des deux dernières semaines ne sont pas consolidées et sont donc à interpréter avec précaution .

La circulation du virus se confirme sur l'île avec l'identification de douze cas biologiquement confirmés entre le mois de décembre 2019 et de janvier 2020.

Le nombre de cas cliniquement évocateurs de dengue vus en ville se stabilise au cours des trois semaines de janvier.

Depuis novembre 2019, près de 65 patients avec des signes évocateurs de dengue ont consulté en médecine libéral sur l'île.

Rappels sur la dengue

La dengue, maladie virale due au virus de la Dengue (4 sérotypes) de la famille des Flaviviridae, transmise par une piqûre de moustique, se manifeste le plus souvent par un syndrome grippal (fièvre, douleurs musculaires, parfois éruption cutanée). La dengue peut évoluer en forme grave hémorragique. La prise d'aspirine est formellement déconseillée. Il n'existe pas de traitement médicamenteux préventif disponible contre la dengue.

Il existe :

  • La fièvre dengue caractérisée par l'apparition soudaine d'une forte fièvre, de graves maux de tête, une douleur derrière les yeux et des douleurs dans les muscles et les articulations. Certains peuvent également avoir une éruption cutanée et divers degrés de saignement dans diverses parties du corps (notamment le nez, la bouche et les gencives ou des ecchymoses sur la peau). La dengue a un large spectre d'infection (asymptomatique à symptomatique). La maladie symptomatique peut varier de la dengue (DF) à la dengue plus grave de la dengue (DH).
  • Fièvre hémorragique de la dengue (DHF) - est une forme plus grave, observée seulement chez une faible proportion des personnes infectées. La DHF est une maladie stéréotypée caractérisée par 3 phases; phase fébrile avec forte fièvre continue généralement inférieure à 7 jours; phase critique (fuite de plasma) d'une durée de 1 à 2 jours, généralement apparente lorsque la fièvre baisse, entraînant un choc si elle n'est pas détectée et traitée rapidement; phase de convalescence d'une durée de 2 à 5 jours avec amélioration de l'appétit, bradycardie (fréquence cardiaque lente), éruptions cutanées convalescentes (plaques blanches sur fond rouge), souvent accompagnée de démangeaisons généralisées (plus intense dans les paumes et les plantes des pieds) et de diurèse (augmentation du débit urinaire) .
  • Le syndrome de choc de la dengue (DSS) - Le syndrome de choc est une complication dangereuse de la dengue et est associé à une mortalité élevée. Une dengue grave survient à la suite d'une infection secondaire avec un sérotype viral différent. Une perméabilité vasculaire accrue, associée à un dysfonctionnement du myocarde et à une déshydratation, contribue à la survenue d'un choc entraînant une défaillance multiorganique.

Il n'existe pas de traitement spécifique contre le virus. Pour les touristes européens, la prévention de la dengue passe donc par la lutte contre son vecteur Aedes albopictus. Le moyen le plus efficace pour combattre ce moustique est d'éliminer ses lieux de ponte (soucoupes, petits récipients, déchets, réservoirs, vases, pneus, etc.).

Conseils aux voyageurs

Aucun vaccin n'est disponible contre le chikungunya et la dengue.

Il est conseillé aux voyageurs de se protéger des piqûres de moustique. Il convient de respecter les mesures habituelles de lutte anti-vectorielle :

  • de réduire le temps passé à l'extérieur pendant les heures de pointe du moustique (entre le crépuscule et l'aube) ;
  • de porter des vêtements de couleur claire avec des manches longues, pantalons et chaussettes dans les zones où les moustiques sont présents ;
  • de se protéger des piqûres de moustiques en utilisant un insectifuge contenant du DEET ;
  • de nettoyer les gouttières et vider régulièrement les bains d'oiseaux et autres objets susceptibles de recueillir de l'eau ;
  • de s'assurer que les barils de pluie sont recouverts de moustiquaires ou qu'ils sont étroitement scellés autour du tuyau de descente des eaux de pluies ;
  • d'améliorer l'aménagement paysager pour empêcher l'eau stagnante autour de la maison.

Les personnes qui utilisent un écran solaire doivent appliquer le répulsif 20 minutes après l'écran solaire.

Afin d'éviter au maximum la dissémination du virus de la dengue, chikungunya et virus Zika sur le territoire métropolitain, devant une fièvre d'apparition brutale et des douleurs articulaires ou musculaires dans les 15 jours qui suivent le retour d'un voyage en zone à risque, il faut consulter son médecin au plus vite en signalant son voyage.

Source : Santé Publique France, Point épidémiologique N°03/2020