Augmentation des infections à Adénovirus au Viêt Nam

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Au Viêt Nam, selon des informations communiquées par l'Hôpital National des Enfants de Hanoï le 15 septembre, depuis août 2022 jusqu'à aujourd'hui, le nombre de cas d’infections à adénovirus détectés à l'hôpital a augmenté de façon spectaculaire.

Plus précisément, au 12 septembre 2022, le nombre total d'infections à Adenovirus enregistrées à l'hôpital était de 412 cas, soit plus que pour toute l'année 2021 et une augmentation de plus de 44,1% sur la même période. Six décès ont été enregistrés. Dans la semaine du 5 au 11 septembre, l'hôpital a enregistré 151 cas positifs d'infections à Adenovirus, soit une augmentation de près de 2,2 fois par rapport à la semaine précédente.

Aucune information n’a été fournie pour ce qui concerne les formes cliniques des infections ou le(s) sérotype(s) de virus en cause.

Rappel sur les Adénovirus

Les Adénovirus humains (HAdV) représentent un groupe de virus qui infectent les muqueuses (conjonctive, tube digestif, voies respiratoire et urinaire). On distingue sept espèces dénommées A à G ; chaque espèce comporte de nombreux virus, appelés sérotypes (plusieurs dizaines de sérotypes sont décrits). La variété des sérotypes rend impossible l’acquisition d’une immunité efficace contre tous les Adénovirus : des surinfections par d’autres HAdV surviennent tout au long de la vie.

Les infections à HAdV sévissent sur un mode endémique (surtout chez les enfants), avec des pics épidémiques (souvent en hiver et au printemps). Elle concerne plus volontiers des communautés (crèches, écoles, casernes, piscines).

La transmission se fait par à l’occasion d’un contact étroit, comme le fait de se toucher ou de se serrer la main ou par voie respiratoire (gouttelettes émises par la toux ou les éternuements). Les HAdV peuvent également se transmettre au contact d’un environnement contaminé (objet ou surface ; eau, par exemple dans les piscines) puis en se touchant la bouche, le nez ou les yeux avant de se laver les mains, mais cela est moins fréquent (ces virus peuvent conserver leur infectiosité pendant un mois sur des surfaces solides).

Chez les personnes immunocompétentes , les infections à HAdV les plus fréquentes sont :

  • oculaires (conjonctivites, kérato-conjonctivites) : espèces B, D et E, six serotypes étant en particulier à l’origine d’épidémie de kértoconjonctivite (HAdV-8, 19, 37, 53, 54 and 56) ;
  • respiratoires (pharyngites, bronchites et pneumopathies) : spèces species B, C et E, le sérotype Ad14p1 (une variante du HAdV de type 14), étant en circulation dans le monde entier et provoquant des épidémies de syndrome grippal ;
  • digestives (gastro-entérites) : espèces F et G avec notamment les sérotypes AdV-40 and -41.

Chez les patients immunodéprimés , les infections opportunistes à HAdV sont volontiers disséminées, avec un passage du virus dans le sang et l’atteinte potentielle de nombreux organes (poumons, système nerveux, foie). Certaines infections sont particulièrement sévères et potentiellement mortelles (jusqu’à 60% des patients dans certaines études). Ces infections surviennent surtout dans le contexte de la transplantation de cellules souches hématopoïétiques, en particulier chez l’enfant, et le plus souvent dans le premier mois suivant la greffe. Il est de plus en plus évident que la réactivation des infections persistantes à HAdV pourrait être la source la plus courante d'infections disséminées chez les patients immunodéprimés. Parfois, le virus peut être excrété (libéré par l'organisme) pendant une longue période après qu'une personne s'est rétablie d'une infection à adénovirus, notamment chez les personnes dont le système immunitaire est affaibli. Cette "excrétion virale" se produit généralement sans aucun symptôme, même si la personne peut encore transmettre l'adénovirus à d'autres personnes.

Actuellement, le diagnostic repose surtout sur des méthodes moléculaires (amplification génique ou PCR) à partir de prélèvements oculaires, nasaux ou pharyngés, respiratoires, urinaires, selles, ou biopsies tissulaires. Chez le patient immunocompétent, seules les formes graves nécessitent un diagnostic virologique, alors que chez les patients immunodéprimés un dépistage systématique des infections par Adénovirus est souvent justifié.

Il existe encore peu de molécules anti-virales très efficaces contre les HAdV.

La prévention qui repose sur le respect des précautions d’hygiène est essentiel pour prévenir la transmission des HAdV : lavage des mains, évitement des contacts étroits avec les personnes malades.

Un vaccin contre les adénovirus de types 4 et 7 existe. Il est utilisé chez le personnel militaire américain. Ce vaccin contient un virus vivant qui peut être excrété dans les selles et potentiellement causer une maladie chez d'autres personnes s'il est transmis. La sécurité et l'efficacité de ce vaccin n'ont pas été étudiées dans la population générale ou chez les personnes dont le système immunitaire est affaibli, et son utilisation n'est pas approuvée en dehors de l'armée.

Références : (1) Centers for Diseases Control and Prevention. Adenoviruses. Dernière mise à jour 28 août 2019. (2)Lynch JP, Kajon AE. Semin Respir Crit Care Med 2016;37:586–602. (3)Radke JR, Cook JL.Curr Opin Infect Dis . 2018 Jun;31(3):251-256.

Source : Outbreak News Today