Cas de trypanosomose humaine africaine importé du Malawi aux Pays-Bas

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Aux Pays-Bas, le 20 novembre 2018, les autorités sanitaires ont notifié un cas importé de trypanosomose humaine africaine (THA) chez une touriste de 66 ans, suite à un voyage au Malawi du 3 au 17 novembre. au cours d'un safari de 8 jours, elle a visité plusieurs parcs dont elle ne se souvient pas le nom, mais elle se souvient avoir vu beaucoup de glossines lorsqu'elle ouvrait la fenêtre de la voiture pour prendre des photos des éléphants au parc Vwasa, près de Rumphi.

Le 18 novembre, un chancre a été observé sur son dos. Elle ne se souvenait d'aucune piqûre d'insecte (alors que la piqure de glossine est très douloureuse).

Le 19 novembre, elle est fiévreuse fièvre (39 ° C).

Le 20 novembre, elle a consulté à la salle d'urgence du centre médical Erasmus de Rotterdam, avec fièvre, maux de tête et vomissements intermittents, mais aucun symptômes neurologiques. Les résultats de laboratoire ont montré une thrombopénie légère (140 000) et un taux de protéine C réactive de 40 comme seules anomalies.La présence de trypanosomes mobiles était clairement visible dans le sang de la patiente.

La suramine (non disponible aux Pays-Bas), est commandée en Suisse. En attendant, un traitement par de la pentamidine IV est mis en route.

L'Organisation mondiale de la santé a pour objectif d'éliminer la trypanosomiase humaine africaine en tant que problème de santé publique en 2020. En 2017, 1 447 cas ont été notifiés dans le monde. Parmi ceux-ci, sept cas ont été notifiés au Malawi.

Le Malawi comporte plusieurs districts à risque de trypanosomiase à Trypanosoma rodhesiense. Au nord du pays, le district de Rumphi où se trouve le parc Vwasa en est un.

Rappels sur la maladie du sommeil

La trypanosomiase humaine africaine, plus connue sous le nom de maladie du sommeil africaine, est une maladie parasitaire qui tue des milliers de personnes en Afrique subsaharienne chaque année.

La trypanosomiase humaine africaine est une parasitose à transmission vectorielle. Le parasite est un protozoaire appartenant au genre Trypanosoma. Il est transmis à l'homme par la piqûre d'une glossine, ou mouche tsé-tsé, (du genre Glossina) qui s'est elle-même infectée à partir d'êtres humains ou d'animaux porteurs de parasites pathogènes. On trouve uniquement les mouches tsé-tsé en Afrique subsaharienne et seules certaines espèces transmettent la maladie.

La trypanosomiase humaine africaine se présente sous deux formes, dues à deux parasites différents:

  • Le Trypanosoma brucei gambiense se retrouve dans 24 pays d'Afrique de l'Ouest et d'Afrique centrale. Cette forme représente actuellement plus de 98% des cas notifiés de maladie du sommeil et provoque une infection chronique. Elle associe d'abord dans sa phase de généralisation une fièvre irrégulière, avec céphalées et arthralgies, un prurit intense, et des trypanides (éruptions érythémateuses, maculeuses ou papuleuses). Au cours de la phase de polarisation cérébrale s'ajoutent les signes de méningo-encéphalite.
  • Le Trypanosoma brucei rhodesiense se retrouve dans 13 pays d'Afrique orientale et d'Afrique australe. Aujourd'hui, cette forme représente moins de 2% des cas notifiés et provoque une infection aiguë. Cette forme est une maladie aiguë de début brutal, avec atteinte cardiaque (myocardite) et rénale (protéinurie), d'évolution rapidement fatale.

Les populations rurales vivant dans les régions où a lieu la transmission et qui dépendent de l'agriculture, de la pêche, de l'élevage ou de la chasse sont les plus exposées à la mouche tsé-tsé et par conséquent à la maladie. La trypanosomiase humaine africaine est une maladie intégrée dans le programme de l'Organisation mondiale de la santé des maladies négligées, un travail conséquent de cartographie a été mis en place et reste accessible à partir du site de l'OMS :

La trypanosomiase humaine africaine reste rare chez les touristes. Un travail rétrospectif mené publié en 2008 a permis une estimation de l'incidence de la trypanosomiase humaine africaine chez le touriste français à 1,2 par million de voyageurs. Toutefois, depuis 15 ans, on observe au niveau mondial un signalement régulier de cas chez les touristes. Les modifications des modes de séjours avec le développement de l'écotourisme, du tourisme solidaire, mais également les circuits organisés de visites ou de safaris dans les parcs animaliers favorisent le contact touriste-vecteur.

Ainsi, les visiteurs de parcs et de safaris doivent être conscients de la présence de mouche tsé-tsé et éviter d'être piqué (port de vêtements couvrants imprégnés d'insecticides, répulsifs anti-insectes sur la peau découverte).

Source : European Centre for Disease Prevention and Control. ; Promed.

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