Évolution de l'épidémie de dengue à la Réunion

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A la Réunion, le 21 mai 2019, les autorités sanitaires ont notifié 12 187 cas de dengue biologiquement confirmés et 31 500 cas suspects depuis le début de l'année, dont 357 hospitalisations et quatre décès liés.

Une forte augmentation du nombre de cas est observée. En 2018, pour la même période 3 067 cas de dengue biologiquement confirmés ont été notifiés.

La répartition géographique des cas concerne toute l'île. Les zones situées au sud de l'île ([Saint-Louis](https://fr.wikipedia.org/wiki/Saint-Louis(La_Réunion)), l'Etang-Salé, les Avirons, Saint-Joseph et Petite-Ile_) sont toujours très actives, mais en diminution.

Les nombre de cas est en augmentation dans les communes :

Depuis le début de l'épidémie en 2018, plus de 17 000 cas autochtones confirmés ont été notifiés, dont 497 hospitalisations et 14 décès. De plus, depuis le début de l'épidémie, on estime à 56 000 le nombre de cas évocateurs sur le plan clinique.

Le sérotype principal en circulation est DENV-2. Cependant, 19 cas autochtone sont été sérotypés DENV-1 dans le sud de l'île.

La co-circulation de DENV-1 avec DENV-2 peut augmenter l'intensité de l'épidémie puisque la population n'est pas protégée pour le sérotype DENV-1. Cela peut aussi faire augmenter le nombre de cas de fièvre hémorragique.

Le risque de transmission ultérieure de la dengue en Europe est lié à l'importation du virus par des voyageurs virémiques dans des zones réceptives avec des vecteurs compétents établis et actifs (c'est-à-dire Aedes albopictus en Europe continentale,principalement autour de la mer Méditerranée et Aedes aegypti sur l'île de Madère).

Les conditions environnementales pour la croissance des populations de moustiques s'améliorent actuellement en Europe, mais toujours défavorable à la multiplication du virus dans le vecteur.

La probabilité d'une transmission durable d'un virus autochtone de la dengue en Europe continentale associée à l'introduction par un voyageur de retour reste donc faible.

Rappels sur la dengue.

La dengue, maladie virale due au virus de la Dengue (4 sérotypes) de la famille des Flaviviridae, transmise par une piqûre de moustique, se manifeste le plus souvent par un syndrome grippal (fièvre, douleurs musculaires, parfois éruption cutanée). La dengue peut évoluer en forme grave hémorragique. La prise d'aspirine est formellement déconseillée. Il n'existe pas de traitement médicamenteux préventif disponible contre la dengue.

Il existe :

  • La fièvre dengue caractérisée par l'apparition soudaine d'une forte fièvre, de graves maux de tête, une douleur derrière les yeux et des douleurs dans les muscles et les articulations. Certains peuvent également avoir une éruption cutanée et divers degrés de saignement dans diverses parties du corps (notamment le nez, la bouche et les gencives ou des ecchymoses sur la peau). La dengue a un large spectre d'infection (asymptomatique à symptomatique). La maladie symptomatique peut varier de la dengue (DF) à la dengue plus grave de la dengue (DH).
  • Fièvre hémorragique de la dengue (DHF) - est une forme plus grave, observée seulement chez une faible proportion des personnes infectées. La DHF est une maladie stéréotypée caractérisée par 3 phases; phase fébrile avec forte fièvre continue généralement inférieure à 7 jours; phase critique (fuite de plasma) d'une durée de 1 à 2 jours, généralement apparente lorsque la fièvre baisse, entraînant un choc si elle n'est pas détectée et traitée rapidement; phase de convalescence d'une durée de 2 à 5 jours avec amélioration de l'appétit, bradycardie (fréquence cardiaque lente), éruptions cutanées convalescentes (plaques blanches sur fond rouge), souvent accompagnée de démangeaisons généralisées (plus intense dans les paumes et les plantes des pieds) et de diurèse (augmentation du débit urinaire) .
  • Le syndrome de choc de la dengue (DSS) - Le syndrome de choc est une complication dangereuse de la dengue et est associé à une mortalité élevée. Une dengue grave survient à la suite d'une infection secondaire avec un sérotype viral différent. Une perméabilité vasculaire accrue, associée à un dysfonctionnement du myocarde et à une déshydratation, contribue à la survenue d'un choc entraînant une défaillance multiorganique.

Il n'existe pas de traitement spécifique contre le virus. Pour les touristes européens, la prévention de la dengue passe donc par la lutte contre son vecteur Aedes albopictus. Le moyen le plus efficace pour combattre ce moustique est d'éliminer ses lieux de ponte (soucoupes, petits récipients, déchets, réservoirs, vases, pneus, etc.).

Il est conseillé aux voyageurs de se protéger des piqûres de moustique. Il convient de respecter les mesures habituelles de lutte anti-vectorielle :

  • port de vêtements couvrants ;
  • répulsifs anti-moustiques, contenant du DEET, sur la peau découverte ;
  • vêtements et moustiquaire imprégnés d'insecticide pour la sieste et la nuit ;
  • les personnes qui utilisent un écran solaire doivent appliquer le répulsif 20 minutes après l'écran solaire.

Afin d'éviter au maximum la dissémination du virus de la dengue sur le territoire métropolitain, devant une fièvre d'apparition brutale et des douleurs articulaires ou musculaires dans les 15 jours qui suivent le retour d'un voyage en zone à risque, il faut consulter son médecin au plus vite en signalant son voyage.

Sources : Agence de Santé Océan Indien ; European Centre for Disease Prevention and Control ; Outbreak News Today ; Santé publique France.