Augmentation de l'incidence des cas de paludisme multirésistants dans les pays d'Asie du Sud-Est

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La résistance aux antipaludiques les plus couramment utilisés s’étend en Asie du Sud-Est. Une situation qui pourrait mettre à mal la lutte contre une maladie qui fait chaque année un demi-million de décès dans le monde.

Le phénomène n’est pas nouveau. La résistance de Plasmodium falciparum aux précédentes générations de médicaments comme la chloroquine et la sulfadoxine-pyriméthamine s’est généralisée au cours des années 1950-60, sapant les efforts de lutte antipaludique et inversant la tendance des progrès accomplis en matière de survie de l’enfant.

La communauté internationale s’inquiète désormais de l’apparition de poches de résistance dans lebassin du Mékong.

La surveillance génomique de Plasmodium falciparum a révélé que la résistance du paludisme à deux antipaludéens de première intention s’est rapidement étendue du Cambodge aux pays voisins de l’Asie du Sud-Est. Des chercheurs duWellcome Sanger Institute de l'Université d'Oxford et de l'Université Mahidol de Bangkok ont découvert que les descendants d'une souche du paludisme multirésistante remplaçaient les populations parasitaires locales au Viêt Nam, au Laos et au nord-est de la Thaïlande.

Ils ont également découvert que la souche résistante avait entraîné de nouveaux changements génétiques, ce qui pourrait renforcer encore plus la résistance.

Deux études différentes publiées le 22 juillet 2019 dans la revue The Lancet Infectious Diseases décrivent une augmentation de l'incidence des cas de paludisme multirésistants ces dernières années dans les pays de l'Asie du Sud-Est.

La première étude fait référence à l'émergence d'une lignée commune parasitaire dominante, possédant les gènes KEL1 / PLA1, qui s'étendait au Cambodge et a entraîné l'échec du traitement par la dihydroartémisinine-pipéraquine.

Cette étude génomique décrit l'évolution et l'expansion en cours dePlasmodium falciparum multirésistants échantillonné dans l'est de l'Asie du Sud-Est et dans collectées jusqu'au début de 2018.

L'étude montre que la lignée commune de Plasmodium falciparum possédant les gènes KEL1 / PLA1 se diversifie en plusieurs sous-groupes et acquiert de nouvelles caractéristiques génétiques (augmentation du gène du transporteur de la résistance à la chloroquine et la capacité du parasite à résister à la pipéraquine).

La co-lignée KEL1 / PLA1 possédant le gène du transporteur de la résistance à la chloroquine a continué de s'étendre depuis l'ouest du Cambodge et est maintenant très répandue dans plusieurs régions du Laos, de la Thaïlande et du Viêt Nam, où il a fréquemment remplacé les populations autochtones antérieures de parasites.

La deuxième étude présente des données cliniques intermédiaires issues d'un essai contrôlé randomisé multicentrique, ouvert et paludisme à Plasmodium falciparum multirésistant (Cambodge, Thaïlande et Viêt Nam)) avec une triple expérimentation avec des thérapies combinées à base d'artémisinine par rapport aux thérapies combinées à base d'artémisinine. Les résultats confirment que les mutations du gène du transporteur de la résistance à la chloroquine peuvent induire une résistance élevée à la pipéraquine ont observé une augmentation des taux d'échec du traitement par la dihydroartémisinine-pipéraquine.

Un commentaire de Menard et Fidock sur les deux étudesdonne un aperçu des défis de ces nouvelles découvertes pour épidémiologie du paludisme et stratégie régionale de lutte.

Bien que des cas de paludisme multirésistant dans les pays de l'Asie du Sud-Est aient été décrits dans le passé, l'incidence accrue de ce type d'événements suggérée par ces études au cours des dernières années est préoccupante pour le contrôle du paludisme au niveau régional. Les voyageurs se rendant dans des zones touchées par le paludisme doivent consulter un médecin avant leur départ.

Les personnes qui envisagent de voyager sont invités à prendre des mesures adéquates pour se protéger contre la piqûre du moustique :

  • réduire le contact avec les moustiques en limitant l'activité en plein air à la nuit tombée ;
  • porter des vêtements couvrant (pantalons, chemises manches longues) ;
  • protéger la peau nue (sans oublier les pieds et les chevilles), en utilisant des répulsifs anti-moustiques contenant 50 % de DEET ;
  • utiliser des moustiquaires imprégnées d'insecticides.

L'évolution de ces données épidémiologiques doivent faire rappeler aux voyageurs que les recommandations de prévention s'appuient toujours sur le triptyque :

Pour le voyageur, des informations détaillées sont disponibles sur le site Medecinedesvoyages.net, qui prend en compte les nouvelles recommandations des autorités sanitaires françaises et de l'Organisation mondiale de la santé.

Références :

- Accelerated evolution and spread of multidrug-resistant Plasmodium falciparum takes down the latest first-line antimalarial drug in southeast Asia.

Sources : European Centre for Disease Prevention and Control ; The Lancet ; Outbreak News Today ; Médias locaux.