L'épidémie de dengue se poursuit en Guyane

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En Guyane, la situation épidémiologique de l'épidémie de dengue observé sur les dernières semaines est à interpréter avec précautions tenant compte du contexte de l'alerte en cours face au Covid-19. L'instauration du confinement sur l'ensemble du territoire français depuis mi-mars (S2020-12) a en effet entraîné une forte diminution des consultations en médecine de ville et dans les centres hospitaliers. Le risque de sous-estimation est donc à prendre en compte pour les effectifs de cas cliniquement évocateurs estimés mais aussi de cas confirmés.

Sur l'ensemble du territoire, un effectif de 182 cas cliniquement évocateurs de dengue ayant consulté un médecin a été estimé pour la 2èmesemaine d'avril (S2020-15). Le nombre hebdomadaire de cas biologiquement confirmés a en revanche diminué au début du mois d'avril, avec 50 cas actuellement recensés pour la 2èmesemaine d'avril (S2020-15).

  • La situation d'épidémie se poursuit sur le secteur Maroni(d'Apatou à Maripasoula). Seul le sérotype DEN-1 a été identifié sur ce secteur jusqu'à présent.
  • La circulation de la dengue s'est intensifiée sur le secteur de Kourou (de Macouria à Iracoubo) au cours des dernières semaines, ce qui a conduit le Comité des maladies infectieuses et émergentes (CMIE) à acter, le 14 avril dernier, la proposition de passage en phase 4 du Psage denguea: «épidémie» pour ce secteur. Seuls les sérotypes DEN-2, en majorité (88 %), et DEN-1 ont été identifiés sur ce secteur.
  • La poursuite active de la circulation de la dengue sur les secteurs du Littoral ouest (Saint Laurent, Mana, Javouhey, Awala) et de l'île de Cayenne (Cayenne, Rémire, Matoury) un conduit également le CMIE un acteur la proposition de passage en phase 3: «pré-épidémie» pour ces deux secteurs.
  • Sur le reste du territoire la situation est calme et correspond toujours à la phase 1 de la Psagea dengue: «cas sporadiques. »

Rappels sur ladengue

Ladengue, maladie virale due au virus de la Dengue (4 sérotypes) de la famille desFlaviviridae, transmise par une piqûre de moustique, se manifeste le plus souvent par un syndrome grippal (fièvre, douleurs musculaires, parfois éruption cutanée). La dengue peut évoluer en forme grave hémorragique. La prise d'aspirine est formellement déconseillée. Il n'existe pas de traitement médicamenteux préventif disponible contre la dengue.

Il existe :

  • La fièvre dengue caractérisée par l'apparition soudaine d'une forte fièvre, de graves maux de tête, une douleur derrière les yeux et des douleurs dans les muscles et les articulations. Certains peuvent également avoir une éruption cutanée et divers degrés de saignement dans diverses parties du corps (notamment le nez, la bouche et les gencives ou des ecchymoses sur la peau). La dengue a un large spectre d'infection (asymptomatique à symptomatique). La maladie symptomatique peut varier de la dengue (DF) à la dengue plus grave de la dengue (DH).
  • Fièvre hémorragique de la dengue (DHF) - est une forme plus grave, observée seulement chez une faible proportion des personnes infectées. La DHF est une maladie stéréotypée caractérisée par 3 phases; phase fébrile avec forte fièvre continue généralement inférieure à 7 jours; phase critique (fuite de plasma) d'une durée de 1 à 2 jours, généralement apparente lorsque la fièvre baisse, entraînant un choc si elle n'est pas détectée et traitée rapidement; phase de convalescence d'une durée de 2 à 5 jours avec amélioration de l'appétit, bradycardie (fréquence cardiaque lente), éruptions cutanées convalescentes (plaques blanches sur fond rouge), souvent accompagnée de démangeaisons généralisées (plus intense dans les paumes et les plantes des pieds) et de diurèse (augmentation du débit urinaire) .
  • Le syndrome de choc de la dengue (DSS) - Le syndrome de choc est une complication dangereuse de la dengue et est associé à une mortalité élevée. Une dengue grave survient à la suite d'une infection secondaire avec un sérotype viral différent. Une perméabilité vasculaire accrue, associée à un dysfonctionnement du myocarde et à une déshydratation, contribue à la survenue d'un choc entraînant une défaillance multiorganique.

Il n'existe pas de traitement spécifique contre le virus. Pour les touristes européens, la prévention de la dengue passe donc par la lutte contre son vecteurAedes albopictus. Le moyen le plus efficace pour combattre ce moustique est d'éliminer ses lieux de ponte (soucoupes, petits récipients, déchets, réservoirs, vases, pneus, etc.).

Conseils aux voyageurs

Aucun vaccin n'est disponible contre le chikungunya et la dengue.

Il est conseillé aux voyageurs de se protéger des piqûres de moustique. Il convient de respecter les mesures habituelles de lutte anti-vectorielle :

  • de réduire le temps passé à l'extérieur pendant les heures de pointe du moustique (entre le crépuscule et l'aube) ;
  • de porter des vêtements de couleur claire avec des manches longues, pantalons et chaussettes dans les zones où les moustiques sont présents ;
  • de se protéger des piqûres de moustiques en utilisant un insectifuge contenant du DEET ;
  • de nettoyer les gouttières et vider régulièrement les bains d'oiseaux et autres objets susceptibles de recueillir de l'eau ;
  • de s'assurer que les barils de pluie sont recouverts de moustiquaires ou qu'ils sont étroitement scellés autour du tuyau de descente des eaux de pluies ;
  • d'améliorer l'aménagement paysager pour empêcher l'eau stagnante autour de la maison.

Les personnes qui utilisent un écran solaire doivent appliquer le répulsif 20 minutes après l'écran solaire.

Afin d'éviter au maximum la dissémination du virus de la dengue, chikungunya et virus Zika sur le territoire métropolitain, devant une fièvre d'apparition brutale et des douleurs articulaires ou musculaires dans les 15 jours qui suivent le retour d'un voyage en zone à risque, il faut consulter son médecin au plus vite en signalant son voyage.

Source : Agence Régionale de la Santé de Guyane.