Plusieurs foyers d'infections à Norovirus liés à la consommations d'huitres en France

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En France, Santé Publique France (SPF) a fait le 4 mars un point de situation sur des toxi-infections alimentaires collectives (TIAC) à Norovirus signalées depuis la mi-février 2021 dans plusieurs régions et en lien possible avec la consommation d’huîtres contaminées.

Depuis la mi-février, 46 déclarations obligatoires (DO) de TIAC suspectés d'être liés à la consommation d'huîtres ont été transmis à SPF et/ou à la Direction générale de l'alimentation (DGAL). Les dates de repas à l’origine de ces TIAC se situent entre le 11/02/2021 et le 25/02/2021 avec une majorité des repas rapportée le 14/02 (21 TIAC, 46%). Toutes ces TIAC ont eu lieu dans un contexte de repas familial avec entre 2 et 8 malades. Au total, 164 malades ont été comptabilisés et deux personnes ont été hospitalisées.

Plusieurs départements ont été touchés, notamment de la région Ouest. Ces TIAC ont majoritairement eu lieu en Nouvelle-Aquitaine (23 en Gironde, 7 en Charente-Maritime, 4 dans les Landeset 2 dans les Pyrénées Atlantique), 5 en Pays de la Loire, 3 en Occitanie, 1 en Bretagne et 1 en Bourgogne-Franche-Comté. Pour 36 de ces TIAC, l'origine des huîtres est connue : bassin d'Arcachon pour 24 TIAC, lac d'Hossegor pour 5, Marennes-Oléron pour 6 et Baie de Plouharnel pour 1.

Des analyses de selles chez des malades suite à 2 TIAC ont confirmé la présence de norovirus. Des coquillages prélevés chez des particuliers malades ainsi que chez des fournisseurs ont été analysés : des norovirus ont été identifiés. Des norovirus ont également été détectés dans plusieurs zones de production des huîtres consommées. La contamination des coquillages par les norovirus pour les autres TIAC est également suspectée au vu des symptômes des personnes malades (diarrhées et vomissements) et des durées d'incubation. Les pluies diluviennes observées début février ont pu favoriser la contamination du milieu, des zones de production et donc des coquillages.

Quatre zones sont actuellement fermées par des arrêtés préfectoraux portant interdiction temporaire de la pêche, du ramassage, du transport, de la purification, de l’expédition, du stockage, de la distribution, de la commercialisation et de la mise à la consommation humaine des coquillages suite à la découverte de la contamination de coquillages par des norovirus : le bassin d’Arcachon (Gironde) depuis le 18/02/2021, le lac d’Hossegor (Landes) depuis le 02/03/2021, les Chenaux du Payré (Vendée) depuis le 25/02 et la baie de Plouharnel (Morbihan) depuis le 03/03/2021.

Rappels sur les** Norovirus :**

_Norovirus_est l’un des cinq genres existants de la famille Caliciviridae. On distingue à ce jour 7 génogroupes subdivisés en plusieurs génotypes, mais certaines souches restent encore non classées. La dénomination mentionne d’abord le génogroupe, puis le génotype (exemple : le génogroupe II génotype 4, s’appelé GII.4). Le virus de Norwalk (GI.1) a été le premier norovirus visualisé à l’aide de techniques d’immunoélectro-microscopie. Les Norovirus des génogroupes I, II et IV sont responsables d’infection chez l’homme. Les Norovirus sont très résistants dans le milieu extérieur et ont une grande capacité de survie sur les surfaces.

L'homme est le réservoir des Norovirus humains qui sont excrétés en grande quantité dans les selles des personnes infectées. Ces virus persistent dans le milieu extérieur et ils sont résistants à certains traitements d'épuration qu'ils soient physiques ou chimiques. Des pluies abondantes diminuent le temps de séjour des eaux usées dans les stations d’épuration, permettant une plus grande libération de particules virales dans les eaux traitées.

La transmission à l’homme peut se faire en ayant un contact direct avec une personne malade, en touchant des surfaces ou des objets contaminés par des Norovirus et en portant ensuite ses doigts à la bouche, ou en consommant des aliments ou des liquides contaminés par des Norovirus (les aliments peuvent être contaminés à la source comme les huitres ou lors de leur préparation par un personnel infecté).

Clinique :

Après contamination, l’incubation qui peut varier de 4 à 77 heures, est en moyenne de 24 à 48 heures. L’infection par le norovirus se caractérise par un tableau associant nausées, vomissements, diarrhée, fièvre modérée et douleurs abdominales, et le taux d’asymptomatiques a pu être estimé de l’ordre de 20%. En général, la maladie dure d’un à trois jours. L’excrétion de virus dans les selles peut être observée jusqu’à 3 semaines après le début de la maladie. La déshydratation est la complication la plus importante de l’infection. Elle survient surtout chez les très jeunes enfants, les personnes âgées et les personnes atteintes d’une maladie grave préexistante. Chez le sujet immunodéprimé, les norovirus peuvent être responsables d’infections chroniques parfois sévères avec une excrétion prolongée du virus dans les selles.

Épidémiologie** :**

Les norovirus sont la cause la plus fréquente de gastro-entérites aiguës à tous âges. Elles apparaissent souvent sous forme d'épidémies qui, en pays tempérés, se produisent en majorité en hiver. Les infections à Norovirus sont communautaires, mais constituent également un problème important dans les institutions médicalisées. Les norovirus GII.4 sont à l’origine de 60 à 80% des épidémies de gastro-entérites à norovirus en Europe, en Amérique du Nord et en Asie. Ce sont plus particulièrement des épidémies liées à une transmission de personne à personne. Les données épidémiologiques des deux dernières décennies ont montré que les norovirus GII.4 se distribuent en variants épidémiques successifs avec le remplacement d’un variant par un autre tous les 2 à 4 ans à partir des années 2000. Au cours des dernières années, les GII.4 n’ont pas toujours été systématiquement prédominants et on retrouve de façon sporadique dans des épidémies ou dans des foyers isolés les génotypes GII.3, GII.6 ou GII.12. Récemment des études ont signalé l’émergence d’une nouvelle souche épidémique de norovirus de génotype GII.17 observée tout d’abord en Asie avant de se répandre sur tous les continents.

Le norovirus est le virus le plus fréquemment responsable de TIAC. La contamination des aliments se fait par le biais d’eau souillée ou lors de la manipulation des aliments par une personne porteuse du norovirus. Les norovirus seraient impliqués dans 10 à 26% des TIAC. Tous les types d’aliments peuent être en cause. Les TIAC sont dues à des norovirus de génotype II autre que GII.4, et dans 37% des cas, les TIAC sont des infections mixtes où le génotype GII.4 est incriminé. Les norovirus GI, sont généralement associés à des épidémies d’origine alimentaire, hydrique ou environnementale car supposés plus résistants aux facteurs environnementaux que les norovirus GII. Les norovirus GI sont ainsi souvent retrouvés dans les épidémies consécutives à la consommation de coquillages crus.

Le diagnostic se fait sur un prélèvement de selles réalisé à la phase aigüe de la maladie. On peut utiliser des tests rapides qui détectent des antigènes de norovirus, mais les techniques de biologie moléculaire sont largement utilisées.

Traitement :

Il n’y a pas de traitement spécifique disponible, et il n’existe à ce jour aucun vaccin commercial contre les norovirus

Prévention :

Santé Publique France diffuse des conseils de prévention pour limiter la propagation des virus à l’entourage d’une personne malade :

  • Se laver souvent les mains (avant de préparer les repas, avant de manger, après être allé aux toilettes, après s’être occupé d’une personne malade, après avoir changé un bébé, après une sortie dehors...).
  • Nettoyer les toilettes avec un désinfectant, après chaque diarrhée ou vomissement.
  • Le nettoyage des surfaces qui sont fréquemment touchées telles que les poignées de porte, le téléphone, les toilettes, les lavabos doit être plus fréquent et plus méticuleux si l’on présente des diarrhées ou des vomissements, ou si son entourage est malade.
  • Les essuie-mains doivent être changés régulièrement.
  • Les personnes qui ont une diarrhée ou des vomissements doivent éviter d’intervenir dans la préparation des repas.

Remarque :

  • Pour l’hygiène des mains, utiliser une solution hydro-alcoolique à pouvoir virucide sur des mains sèches et propres.
  • Concernant la désinfection, celle-ci doit se faire sur des surfaces préalablement nettoyées et on peut recommander comme désinfectant l’eau de javel à 2,6% diluée au 1/5, avec respect d’un temps de séchage de 10 min.

Pour les voyageurs , la base de la prévention repose sur l’observation des règles d’hygiènes alimentaires, à savoir :

  • se laver fréquemment les mains à l'eau et au savon, en particulier avant toute prise alimentaire ou après être allé aux toilettes ;
  • éviter l'usage des serviettes collectives ;
  • ne manger que des aliments cuits et encore chauds ;
  • éviter de manger des aliments servis à la température ambiante ;
  • éviter la consommation de poissons, coquillages, ou fruits de mer autrement que bien cuits ou frits ;
  • peler soigneusement, à défaut cuire ou désinfecter les fruits et légumes ;
  • évitez les produits laitiers et les jus de fruits non pasteurisés ;
  • ne boire que de l'eau minérale en bouteille capsulée ou de l'eau traitée (par chloration, par Troclosène sodique ou par ébullition) ;
  • les boissons gazeuses en bouteilles ou en boîtes commerciales scellées non ouvertes ainsi que les boissons faites à partir de l'eau bouillie servies très chaudes comme le café et le thé sont généralement sûres ;
  • ne pas consommer de glaçons, de crèmes glacées ou sorbets en vente publique.

Références : https://www.sfm-microbiologie.org/wp-content/uploads/2019/02/VIRUS_NOROVIRUS.pdf ;

Source : Food Safety News.

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