Epidémie de fièvre hémorragique de Crimée-Congo en Ouganda

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En Ouganda, les responsables de la santé du district de Hoima ont confirmé un cas defièvre hémorragique de Crimée-Congo (FHCC) dans le district.

La patiente, âgée de 16 ans, est une réfugiée résidente du village de Musiinsa dans la zone d'installation de réfugiés de Kyangwali, qui a été testée positive pour la FHCC le 28 avril 2021. Le 27 avril 2021, la victime avait été transportée d'urgence au centre de santé II de Kagoma avec une forte fièvre accompagnée de céphalées, fatigue, douleurs abdominales, douleurs articulaires, vomissements sanglants et saignement du nez.
Selon les autorités sanitaires 12 personnes qui sont ses proches parents et des personnes en contact étroit avec la victime ont également été isolés dans le même établissement de santé, en attendant les résultats des échantillons de sang prélevés sur eux.

L'Ouganda a connu plusieurs flambées de FHCC depuis 2013, date à laquelle le 1er foyer a été confirmé dans le pays.

Rappels sur la fièvre hémorragique de Crimée-Congo (CCHF) :

CCHF est due au virus de la fièvre hémorragique de Crimée-Congo (VFHCC), un virus à ARN du genre Orthonairovirus (ordre des Bunyaviridae).
Actuellement jusqu'à neuf clades génétiquement différents sont proposés pour le virus : quatre d'entre elles sont principalement distribuées en Afrique, deux en Asie et trois en Europe. Le VFHCC a été classé comme un agent pathogène de niveau de biosécurité 4.

Elle a une large répartition géographique. Elle touche la majeure partie de l'Afrique, l'Asie (de la Chine occidentale à l'Asie méridionale), le Moyen-Orient, l'Europe de l'Est et du Sud-Est et, depuis peu, Europe du Sud-Ouest. Avec plus de 50 cas autochtones par an la Russie (ouest de l'Oural), la Turquie, l'Iran et l'Ouzbékistan sont les plus touchés. Des cas sont également rapportés en Albanie, en Bulgarie, à 0man, au Kazakhstan, au Pakistan, en Inde, au Kirghizistan, au Tadjikistan, en Chine, en Afrique du sud, en Mauritanie et au Soudan. De rares cas ont été rapportés en Espagne (7 cas autochtones entre août 2016 et août 2020) et en Grèce.
CCHF n'affecte que l'homme, mais le VFHCC vit dans un cycle naturel qui touche les mammifères sauvages, le bétail, les oiseaux et les tiques. Les tiques ixodes, en particulier celles du genre Hyalomma, sont à la fois un réservoir (le virus se maintient à tous les stades de maturation de la tique et se transmet à sa descendance) et un vecteur du virus.

Le virus est transmis à l'homme par les piqûres de tiques (ou par écrasement de spécimens engorgés) et/ou par contact direct avec des sécrétions, des fluides ou des tissus d'animaux virémiques (activité d'abattage, avortement d'animaux …).

La transmission interhumaine à partir d'humains infectés par contact avec du sang ou d'autres fluides biologiques est possible. Elle peut de faire dans un contexte nosocomial. La transmission verticale a également été rapportée, et les contacts sexuels peuvent représenter un risque supplémentaire de transmission. Des cas d'accidents de laboratoire liés à la manipulation de matériel viral ont également été décrits.

Les éleveurs, les travailleurs du secteur de l'élevage et les travailleurs des abattoirs dans les zones endémiques sont exposés au risque de CCHF. Les professionnels de la santé des zones endémiques sont exposés au risque d'infection. Les voyageurs internationaux peuvent également être exposés.

Signes et symptômes

Les infections asymptomatiques semblent courantes, atteignant jusqu'à 90 % des cas dans certaines études réalisées dans des zones hyperendémiques. Quand elle est symptomatique, après une phase d'incubation de 3 à 7 jours, la CCHF évolue en trois phases :

  • La phase préhémorragique qui dure environ 1 à 7 jours associe fièvre, céphalées, myalgies, troubles digestifs, conjonctivite et hyperhémie du visage, du cou et de la poitrine.
  • La phase hémorragique dure 2 à 3 jours. Elle est caractérisée par l'apparition d'ecchymoses, de pétéchies ou d'hématomes spontanés ainsi que par différents saignements extériorisés (saignement de nez, hémorragies digestives…). Sur le plan biologique on note une chute du nombre de plaquettes, des anomalies de la coagulation, des perturbations du bilan hépatique et une insuffisance rénale. Selon les études, la mortalité atteint 3 à 30 % à ce stade.
  • La convalescence s'ensuit durant 10 à 20 jours pour les survivants, mais la récupération complète peut nécessiter une année. Il n'y a pas de rechute connue de la maladie.

Le traitement est symptomatique nécessitant parfois une prise en charge en réanimation. Bien que le traitement par la ribavirine ait donné des résultats satisfaisants, son utilisation est controversée. Aucun vaccin commercial n'est disponible.

Pour éviter la contamination par les piqûres de tiques, le voyageur doit prendre certaines précautions :

  • rester sur des sentiers balisés et éviter les buissons, zones boisées et humides ;
  • préférer des vêtements couvrants (pantalon, manches longues, chaussures fermées) ;
  • traiter éventuellement les vêtements avec un insecticide ;
  • protéger les zones de peau exposées avec un répulsif à base de DEET ;
  • en fin d'activité, inspecter toutes les parties du corps, afin d'enlever une éventuelle tique dès que possible ;
  • extraire la tique à l'aide d'un tire-tique disponible en pharmacie, ou d'une pince-à-épiler ;
  • éviter d'écraser la tique, de la brûler ou d'appliquer diverses substances.

En cas de fièvre, de rougeur de la peau ou d'autres symptômes apparaissant après une piqûre de tique, le voyageur doit consulter rapidement un médecin.

Source : ProMED.

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