Cas de cowpox (variole bovine) signalé au Royaume-Uni

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Un article publié le 5 juin 2021 dans le New England Journal of Medicine (Kiernan M. N Engl J Med. 2021 Jun 10;384(23):2241.) fait état d'un cas de cowpox (ou variole bovine) diagnostiqué au Royaume-Uni.

Une patiente de 28 ans s'est rendue aux urgences du Royal Free Hospital de Londres pour une irritation des yeux accompagnée de rougeur et d'écoulement au niveau de l'oeil droit pendant 5 jours. Le tableau clinique s'est aggravé avec apparition d'une cellulite orbitaire qui a nécessité une prise en charge chirurgicale. La patiente a rapporté que 2 semaines plus tôt, son chat avait développé des lésions sur les pattes et la tête. Des échantillons des lésions du chat et de l'œil de la femme ont été testés positif pour l'orthopoxvirus, la famille de virus qui comprend le virus de la variole (virus de la variole), la vaccine, le virus de la variole bovine et le virus de la variole du singe (Monkeypox). Un séquençage génétique a confirmé que la patiente a été infecté par le virus de la variole bovine (Cowpox).

Rappels sur la la "variole bovine"** :**

Selon la taxonomie actuelle, le virus cowpox (CPXV) appartient au genre Orthopoxvirus(OPXV) dans la sous-famille des _Chordopoxvirinae_de la famille des Poxviridae. Le genre _Orthopoxvirus_comprend le virus de la variole, virus strictement humain (VARV), et d'autres espèces à potentiel zoonotique dont le virus de la vaccine (VACV), le virus cowpox (CPXV), le virus monkeypox (MPXV), le virus du camelpox, le virus Akhmeta.

Le CPXV est distribué en Europe, en Russie, dans les États occidentaux de l'ancienne Union des Républiques Socialistes Soviétiqus et dans les régions adjacentes d'Asie du Nord et d'Asie centrale.

Les rongeurs sauvages, comme les campagnols (Microtus spp. et Myodes spp.) et la souris des bois (Apodemus sylvaticus), sont considérés comme un réservoir naturel de CPXV.

La transmission à l'homme se fait principalement par contact direct avec des animaux infectés. Des cas de variole bovine ont été fréquemment signalés jusqu'au début des années 1970 en Europe, avec des cas sporadiques chez l'homme, principalement des trayeurs, en lien avec un contact avec des vaches infectées. Aujourd'hui les infections à CPXV sont principalement associées aux chats domestiques, qui sont des prédateurs occasionnels de rongeurs sauvages. Le premier cas rapporté de CPXV chez un chat domestique est survenu en 1977 aux Pays-Bas, et depuis et plusieurs centaines de cas d'infections par le CPXV chez les chats domestiques ont été décrits en Eurasie occidentale. Des rats de compagnie ont également été à l’origine d’infection chez l’homme. Il n'existe aucune preuve connue de transmission du virus d'homme à homme.

Chez le chat, l'infection par le CPXV provoque de multiples lésions cutanées sur la tête, le cou, les membres antérieurs, les pattes et les yeux (conjonctivite), et l'apparition de vésicules dans la cavité buccale et sur la langue. Dans les cas les plus graves, la maladie peut être systémique et toucher les organes internes (principalement les poumons). L'issue fatale est le plus souvent associée à une infection bactérienne secondaire.

La plupart des hommes sont sensibles à la maladie, en particulier les enfants qui sont plus souvent en contact étroit avec le virus. Le cowpox humain se manifeste cliniquement par une lésion cutanée localisée douloureuse avec une adénopathie locale et des symptômes "grippaux". Elle guérit en 6 à 8 semaines. Des formes graves sont possibles en lien avec la localisation des lésions, et chez les individus immunodéficients le développement d'une infection généralisée mortelle a également été décrit.

Certaines études ont montré une activité in vitro du cidofovir contre les orthopoxvirus, mais il n'existe à ce jour aucune thérapie antivirale spécifique pour le CPXV et le traitement est principalement de soutien.

Il faut conseiller aux patients qui entrent en contact avec des animaux malades de porter des gants de protection et leur rappeler l'importance d'une bonne hygiène des mains.

Références : (1) Krankowska DC et al. Cowpox: How dangerous could it be for humans? Case report. Int J Infect Dis. 2021 Mar;104:239-241. (2) Ninove L, et al. Cowpox Virus Transmission from Pet Rats to Humans, France. Emerg Infect Dis. 2009;15(5):781-784. (3) Silva NIO, et al. Here, There, and Everywhere: The Wide Host Range and Geographic Distribution of Zoonotic Orthopoxviruses. Viruses. 2020 Dec 30;13(1):43.

Source : ProMED.

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