Un cas d'échinococcose kystique (hydatidose) signalé près de Moscou, Russie

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En Russie, à l'hôpital de Khimki près de Moscou, les médecins ont sauvé le 3 septembre 2022 une femme de 37 ans qui avait été admise aux urgences avec des symptômes de péritonite. Lors de l'examen de la patiente, il s'est avéré qu'un kyste hydatique péritonéal s'était rompu. La patiente avait deux kystes de plus de 15 cm dans les deux lobes du foie. Lors de son admission, la femme a eu des nausées accompagnées de douleurs dans la partie supérieure de l'abdomen. La patiente a subi une opération d'urgence, elle n'est plus en danger, elle est déjà sortie de l'hôpital sous la surveillance d'un médecin.

Rappels sur l'échinococcose humaine :

L'échinococcose humaine, une zoonose (maladie transmise à l'homme par l'animal) causée par des ténias du genre Echinococcus, se présente sous 4 formes dont deux présentent un intérêt médical et de santé publique chez l'homme :

  • l'échinococcose kystique ou hydatidose, due à l'infestation par un complexe d'espèces centré sur Echinococcus granulosus(il existe plusieurs génotypes de ce parasite) ;
  • l'échinococcose alvéolaire, due à l'infestation par E. multilocularis.

1.** Transmission**

Un certain nombre d' animaux herbivores et omnivores agissent comme des hôtes intermédiaires pour Echinococcus. Ils s'infectent en ingérant les œufs embryonnés (embryophores) du parasite présents dans le milieu extérieur (aliments et eau) qui se développent ensuite en stades larvaires dans les viscères. Les larves traversent la paroi digestive et gagnent le foie, voire d'autres organes, par voie sanguine.

Les carnivores agissent comme des hôtes définitifs pour le parasite et hébergent le ténia mature dans leurs intestins. Ces hôtes définitifs s'infectent en ingérant les viscères d'hôtes intermédiaires contenant les larves du parasite.

Les humains sont des hôtes intermédiaires dits accidentels. Ils contractent l'infection en ingérant des embryophores après contact direct avec le chien, plus rarement indirectement à partir d'aliments ou d'eau contaminés.

Dans l' échinococcose kystique , le génotype d'E. granulosus responsable de la grande majorité des cas humains se maintient principalement dans un cycle chien-mouton-chien, mais plusieurs autres animaux domestiques hôtes intermédiaires peuvent également être impliqués (chèvres, porcs, bovins, chameaux, yaks).

L' échinococcose alvéolaire est généralement issue d'un cycle faisant intervenir comme hôtes définitifs des animaux sauvages comme des renards ou d'autres carnivores, et comme hôtes intermédiaires des petits mammifères (principalement des rongeurs). Les chiens et les chats domestiques peuvent également servir d'hôtes définitifs.

2.** Répartition géographique**

L' échinococcose kystique existe sur tous les continents sauf l'Antarctique. Les grandes zones endémiques sont le pourtour méditerranéen, en particulier le Maghreb, l'Afrique de l'Est (Kenya, Tanzanie, Soudan, Éthiopie, Ouganda), l'Amérique du Sud (Argentine, Uruguay), l'Asie Centrale et la Chine. Dans certaines régions la prévalence peut atteindre 5 % à 10 % chez l'homme et 95 % chez les animaux abattus.

L' échinococcose alvéolaire est confinée à l'hémisphère Nord, en particulier à certaines régions de la Chine, de la Fédération de Russie et de pays d'Europe continentale dont la France et d'Amérique du Nord.

3.** Signes et symptômes**

3.1. Échinococcose kystique

L'infestation humaine par E. granulosus entraîne le développement d'un ou plusieurs kystes hydatiques situés le plus souvent dans le foie et les poumons, et moins fréquemment dans les os, les reins, la rate, les muscles et le système nerveux central.

La période d'incubation asymptomatique de la maladie peut durer de nombreuses années avant que les kystes hydatiques soient suffisamment développés pour déclencher des signes cliniques.

Les hydatides hépatiques entraînent souvent des douleurs abdominales, des nausées et des vomissements. En cas d'atteinte pulmonaire, les signes cliniques sont une toux chronique, des douleurs thoraciques et un essoufflement. Les autres signes dépendent de l'emplacement des kystes hydatiques et de la pression exercée sur les tissus environnants. Les signes non spécifiques comprennent l'anorexie, la perte de poids et l'asthénie.

3.2.** Échinococcose alvéolaire**

L'échinococcose alvéolaire se caractérise par une période d'incubation asymptomatique de 5 à 15 ans et le développement lent d'une lésion d'aspect tumoral généralement localisée dans le foie. Les signes cliniques sont une perte de poids, des douleurs abdominales, un malaise général et des signes d'insuffisance hépatique. Des métastases larvaires peuvent se propager vers des organes adjacents au foie (par exemple, la rate) ou vers des sites plus éloignés (comme les poumons ou le cerveau) par voie sanguine ou lymphatique. En l'absence de traitement, l'échinococcose alvéolaire progresse et conduit au décès.

4.** Le diagnostic**des échinococcoses repose sur l'association d'arguments épidémiologiques, radiologiques (échographie, scanner, IRM) et sérologiques.

5.** Le traitement** associe une exérèse chirurgicale (difficile dans l'échinococcose alvéolaire) et la prise d'un anti-helminthique à large spectre, l'albendazole, qui empêche le développement du parasite mais ne le tue pas.

6.** Prévention individuelle**

La prévention individuelle repose sur l'absence de contact étroit avec les canidés domestiques ou sauvages et l'interdiction de l'ingestion d'aliments potentiellement souillés par des selles de canidés.

Dans tous les cas il faut :

  • Éviter la promiscuité avec les chiens, surtout pour les enfants ;
  • Ne pas garder les animaux sauvages, en particulier les chiens sauvages, comme animaux de compagnie ;
  • Ne pas laisser les chiens et chats errer librement ;
  • Se laver les mains soigneusement avant de préparer les repas ainsi qu'après avoir été en contact avec des animaux ou de la terre (jardinage) ;
  • Vermifuger les chiens exposés au parasite toutes les 4 à 6 semaines avec un produit efficace contre les échinocoques. Doivent être systématiquement considérés comme exposés à ces parasites : les chiens habitant dans le nord de la France, ou se déplaçant en Europe de l'Est, s'ils ont un accès à l'extérieur et qu'ils chassent régulièrement des petits rongeurs ; au sud, les chiens ayant accès à des carcasses d'herbivores ou nourrit avec des abats crus. Les chats, rarement contaminés par les échinocoques, ne semblent pas être une source de contamination humaine ;
  • Vermifuger les chiens s'étant déplacés dans les régions à risque à l'occasion des vacances. Ainsi, si l'animal a été contaminé accidentellement, il ne ramènera pas le parasite à la maison.

Échinococcose kystique

  • Ne pas nourrir les chiens avec des abats crus ;
  • Limiter l'abattage à domicile des moutons et autres animaux d'élevage.

Échinococcose alvéolaire

  • Éviter de cueillir les fruits proches du sol, et donc susceptibles d'être souillés par des déjections animales ;
  • Ne pas manger de baies sauvages, de fruits tombés au sol et de légumes sans les avoir préalablement lavés avec de l'eau potable, et de préférence les manger cuits. A savoir : la congélation à – 20°C ne suffit pas à détruire les œufs d'échinocoques ;
  • Ne pas porter les mains à la bouche en activité de nature ;
  • Ne pas manipuler de cadavres de renards, coyote ou chien sauvage, ou porter des gants jetables (chasseurs en particulier).

Références : (1) OMS. Échinococcose. Mise à jour du 23 mars 2020 (2) ESCCAP France. Les échinocoques, un danger pour l'homme. (3) Hydatidose. ePILLY trop 2022 – Maladies infectieuses et tropicales (p 883-887). 3éme édition web.

Source : Outbreak News Today.

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