Augmentation de l'incidence de la fièvre hémorragique avec syndrome rénal en Carélie, Russie

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EnRussie, il a été noté dans la République de Carélie, une subdivision administrative du District Fédéral du Nord Ouest, l'incidence de la fièvre hémorragique avec syndrome rénal a été deux fois plus élevée sur la période de janvier à novembre 2022 qu'à la même période en 2021, et 1,8 fois plus élevée qu'en 2020. Pour les 11 premiers mois de l'année 2022, 9 cas de FHSR ont été enregistrés en République de Carélie, dont 1 chez un enfant.

L'incidence en 2022 s'élevait à 1,3 pour 100 000 habitants, soit 27,4 % de moins que l'incidence moyenne sur la période 2012-2021 (1,79 pour 100 000 habitants). Les données pour les 11 premiers mois de 2022 montrent que l'incidence de la FHSR dans la république de Carélie est supérieure de 78% à l'incidence de la FHSR pour la même période dans le District fédéral du Nord-Ouest (0,73 pour 100 000 et de 52,9 % à celle de la Fédération de Russie dans son ensemble.

La fièvre hémorragique avec syndrome rénal (FHSR) représente plus de 90% de toutes les fièvres hémorragiques enregistrées dans la Fédération de Russie.

Rappels sur la fièvre hémorragique avec syndrome rénal (FHSR).

La fièvre hémorragique à syndrome rénal est une infection due à des hantavirus, des virus de la famille des Bunyaviridae qui sont présents sur tous les continents.

Les hantavirus ont pour réservoir naturels des rongeurs (une espèce est spécifique d'un type d'hantavirus) qui une fois infectés sont des porteurs sains qui éliminent le virus dans leurs excrétas.

La contamination humaine se fait généralement par inhalation de poussières et d'aérosols, contaminées par les excrétas des animaux infectés. D'autres modes de transmission plus rares sont possibles : par morsure ; par la consommation d'aliments contaminés par l'urine, les excréments ou la salive d'un rongeur infecté ; si on touche un objet contaminé par l'urine, les excréments ou la salive d'un rongeur, puis si l'on se touche le nez ou la bouche. Aucune transmission interhumaine n'a été décrite à ce jour, excepté pour l'hantavirus sud-américain Andes.

La durée d' incubation moyenne de la maladie est de 15 jours, avec des extrêmes de une à six semaines.

L'expression clinique des infections à hantavirus est variable selon le tropisme pulmonaire ou rénal du virus. L'infection, se présente sous deux formes cliniques :

  • la fièvre hémorragique avec syndrome rénal (FHSR) due aux hantavirus de l'Ancien monde qui circulent en Europe et en Asie avec les virus Hantaan, Amur et Séoul responsables de FHSR en Asie et dans les Balkans, les virus Puumala, Saaremaa et Dobrava responsables de FHSR d'expression clinique modérée (néphropathie épidémique) en Europe;
  • le syndrome cardio-pulmonaire à hantavirus (SCPH) dû aux hantavirus du Nouveau monde qui circulent sur le continent Nord et Sud-américain (les virus les plus fréquents sont le virus Sin Nombre sur le continent nord-américain et le virus Andes sur le continent sud-américain ; le virus Choclo en Amérique Centrale…).

Toutes les formes cliniques ont en commun un début brutal associant avec des symptômes ressemblant à ceux de la grippe : fièvre, maux de tête, douleurs musculaires, douleurs abdominales et/ou thoraciques, frissons…

Dans la forme typique, des douleurs succèdent au syndrome grippal mais peuvent être au premier plan : lombalgies, dorsalgies, douleurs abdominales ou thoraciques.

Des troubles fugaces de la vision de type myopie aiguë sont évocateurs de FHSR.

L'atteinte rénale se manifeste par des lombalgies, une diminution du volume des urines. Elle est fréquente dans les formes européennes à virus Puumala. L'insuffisance rénale aiguë est rare.

La phase hypotensive, décrite à partir du cinquième jour, est surtout décrite dans les formes asiatiques. Elle peut réaliser un état de choc associé à des manifestations neurologiques.

Les signes hémorragiques sont le plus souvent modérés quand ils existent. Les manifestations hémorragiques sont plus fréquente en Asie et ne sont pas corrélés pas à l'importance de la thrombopénie qui est fréquente et précoce.

Dans les formes asiatiques et européennes, les manifestations respiratoires sont présentes dans un tiers des cas, mais discrètes. Dans les formes américaines dues au virus de type Sin nombre, les manifestations cardio-respiratoires sont au premier plan. Elles peuvent conduire à une détresse respiratoire aiguë et/ou un choc. Il n'y a pas de signes hémorragiques ni d'atteinte rénale.

L'évolution clinique, très variable, est marquée par une phase de convalescence prolongée de trois semaines à trois mois. La létalité varie de moins de 0,5 % pour les infections à virus Puumala, à 5 à 10 % pour les formes asiatiques et près de 40 % pour les syndromes HCPS liées aux virus de type Sin nombre circonscrit à l'Amérique.

Le diagnostic de certitude est sérologique. L'isolement du virus et les techniques d'amplification génique (PCR) à partir du sang de patients sont réservés à des laboratoires spécialisés.

Le traitement de l'infection est symptomatique. Il n'existe pas de vaccin contre les infections à hantavirus.

Prévention des infections à hantavirus :

Éviter la contamination respiratoire :

  • Ne pas pénétrer dans des locaux fermés ou abandonnés ;
  • Porter un masque, aérer et asperger d'eau (ou mieux, de désinfectant ou d'eau de javel) avant de nettoyer les sols des locaux longtemps fermés ou inoccupés (cabanes, greniers, granges, caves, etc.) ;
  • Aérer les locaux fermés avant et pendant leur nettoyage - Utiliser l'aspirateur plutôt que le balai - Ne pas utiliser de jets d'eau à haute pression.

Lutter contre la présence des rongeurs dans les locaux :

  • Dératiser les habitations situées en forêt ou en bordure de forêt, ainsi que les granges, caves, remises
  • Empêcher l'accès des rongeurs aux habitations ;
  • Éviter de les attirer : mettre les aliments dans des endroits fermés et inaccessibles aux rongeurs ;
  • Éliminer les abris utilisables par les rongeurs (stockage de bois…).

Éviter les contacts avec les excrétas des rongeurs

  • Mettre un pansement sur une blessure avant de manipuler du bois ou de travailler la terre ;
  • Éviter de manipuler des rongeurs vivants ou morts ou leurs nids. Porter des gants en caoutchouc ou en latex.

Références : (1) Centers for Disease Control and Prevention. Hantavirus. (2) ePILLY Trop. Maladies infectieuses tropicales. 2022. 3é édition web mise à jour juin 2022. (3) Ministère de la Santé et de la Prévention. Hantavirus et fièvre hémorragique à syndrome rénal (FHSR)..

Source : Promed.

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